1989, QUELLE ANNÉE QUELLE HISTOIRE

DRÔLE D'ANNÉE ! Qui aurait imaginé, un seul instant, en la voyant démarrer dans un climat délétère et brumeux, qu'elle finirait par entraîner la décennie avec elle dans un grand tourbillon historique ?
Certes, avant même de commencer, ce millésime était déjà tout enrubanné d'Histoire et garanti révolutionnaire grand teint. Difficile de l'oublier, tant on nous a bassiné le Bicentenaire.
Mais notre classe politique, dont tous les éléments, jusqu'aux plus nuls, rêvent d'entrer dans l'Histoire, est plus encline à la commémorer ou à la refaire qu'à en sentir venir le vent.
Ne lui jetons quand même pas trop vite la pierre ou le débris du mur de Berlin. Car, après tout, c'est sans doute mieux ainsi. Vu le niveau des fulgurances géopolitiques, la qualité des « mots historiques »..., bref, la profondeur des âneries solennelles, dont, de droite à gauche, les hommes politiques nous ont gratifiés a posteriori sur les bouleversements à l'Est, ils auraient difficilement fait mieux s'ils les avaient prévus.
Par surcroît, ils n'auraient peut-être parlé que de cela. Bien sûr, la face du monde n'en serait pas pour autant plus bouleversée, mais la diversité des bêtises de ce recueil en aurait forcément pâti. C'eût été regrettable, car il en contient de grandioses...(...)

Erik Emptaz - L'année Canard N°34  - décembre 1989 -