Année complète et brochée 1992. Grand in folio 56 X 37 cm, feuilles parfaitement massicotées à ce format – 53 numéros originaux / 424 pages –

QUI CROIT ENCORE au Tonton Noël quand il n’a plus grand-chose à déposer dans nos petits souliers, quand l’heure est aux sapins et qu’il s’accroche aux branches ?

Cette fin d’année sent la fin de règne !

Certes, il reste encore un peu de « temps au temps », et l’auteur de la formule fait dire qu’il passera Pâques au balcon et qu’il « s’amuse Nul n’en doute, mais plus grand monde ne rit des mêmes choses que lui. Même ses derniers thuriféraires, pour qui, au début de 1992, il était encore « Dieu », ne l’appellent plus, à l’orée de 1993, que le « maître du calendrier ». C’est de saison, mais c’est peu ! Que s’est-il passé ?

L’usure, bien sûr, mais surtout une longue année qu’Edith Cresson (déjà oubliée) n’a pas terminée au poste où elle l’avait bien mal commencée. Son successeur Béré, dont le pépérisme et le sempiternel « franc fort » devaient terrasser aussi bien la corruption que l’avancée du chômage, a eu beau dire et beau faire, les affaires restent les affaires, et le lampion rouge du trois millionième chômeur clignote dur à l’arbre de Noël de l’ANPE…

Une année mauvais sang, avec trop de « responsables mais pas coupables »… Une année élections avec des cantonales et des régionales dont on sait ce qu’elles furent, et dont personne ne semble plus douter, surtout au parti socialiste, de ce qu’elles augurent pour la prochaine consultation… Une année Maastricht aussi, avec un tout petit « oui » et de bien grosses incompréhensions qui ne s’améliorent guère quand on sait que cette « grandiose affaire » dont Tonton nous a tant et tant bassiné « l’urgence » traînasse chez nos partenaires, qui regardent avec circonspection nos paysans ruer dans les sillons…

Une année prostate… Une année où il semble plus urgent de nettoyer les institutions que de balayer devant sa porte… Une année dont l’opposition, avec ses propres affaires et ses éternels revenants, n’a vraiment pas plus à se vanter qu’à se réjouir… Bref, une année chargée. (…)

Erik Emptaz – L’année Canard N°46  – décembre 1992 –