N° 73 du Canard Enchaîné – 21 Novembre 1917
N° 73 du Canard Enchaîné – 21 Novembre 1917
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CLEMENCEAU FORT ET VERT – Le 16 Novembre, Clémenceau est investi par les députés à l‘âge de 76 ans. Le « tigre » inaugure une forme de gouvernement assez autoritaire. Article de Maurice Maréchal.
Dans le « no man’s land » – Article de Gaston Pawlowski, ironisant sur le no man’s land de « l’arrière » par comparaison à celui des tranchées, zone particulièrement dangereuse.
« L’Homme enchaîné » redevient « Libre » – Clémenceau arrivé au pouvoir, son titre est aussitôt changé…mais le Canard se méfie…à juste titre du maintien du régime de censure. Georges Mandel, chef de Cabinet de Clémenceau y veille rigoureusement. Quant au capitaine Nusillard, chef de la censure, demande à Clémenceau si sa mission est terminée, il s’entend répondre: » Supprimer la censure ? Jamais ! Je ne suis pas tout à fait idiot. »
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Le Canard enchaîné du 21 novembre 1917 célèbre à sa manière l’arrivée au pouvoir de Georges Clemenceau, tout en affirmant sa propre ligne éditoriale face à la censure. Le premier texte, court mais piquant, rappelle l’épisode de l’Homme Libre, journal fondé par Clemenceau et rebaptisé L’Homme enchaîné par la censure avant de redevenir libre. Le Canard, dans un clin d’œil à ce parallèle de titres, joue avec l’idée de se rebaptiser Le Canard déchaîné. Il faudra attendre le 15 octobre 1919 pour que le miracle se produise. En effet, la plaisanterie est immédiatement tempérée par un doute : la censure, déjà tant de fois déclarée morte, pourrait bien renaître à tout moment. La vigilance reste donc de mise, même dans l’ironie.
Le second article, signé Maurice Maréchal, chronique avec verve la constitution du nouveau gouvernement Clemenceau. L’auteur campe un Tigre impétueux, réglant les affaires ministérielles comme on croque des os à pleines dents : en nommant Nail garde des Sceaux, en expédiant Leygues à la Marine, ou en supprimant purement et simplement le sous-secrétariat aux Beaux-Arts, le nouveau président du Conseil impose un style sans fioritures. Tout est traité sur le mode satirique, jusque dans la fausse causalité attribuant à Clemenceau la disparition du sculpteur Rodin.
Le ton oscille entre caricature et espérance : Clemenceau est décrit comme un fauve redoutable, mais aussi comme celui qu’attendait la République à bout de souffle. Le journal se permet un ultime trait de plume à la fois tendre et ironique : « Pourvu qu’il ne la fasse pas mourir, sa gosse… », c’est-à-dire Marianne, figure allégorique de la France.
En somme, cette édition illustre parfaitement la double posture du Canard : complice narquois des grands bouleversements politiques, mais jamais dupe, toujours prêt à rappeler que la censure guette et que les gouvernants, fussent-ils tigrés, restent d’abord des proies de choix pour la satire.

 
      



