N° 105 du Canard Enchaîné – 3 Juillet 1918
N° 105 du Canard Enchaîné – 3 Juillet 1918
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Il s’agit de la lettre d’un lecteur plus à l’aise en arithmétique que Henri Béraud, et le reprend amicalement sur les calculs exposés dans le feuilleton des précédents numéros… Béraud en serait quitte pour une « chopine de Vouvray »…
🖋️ Le seul moyen
Dans son édition du 3 juillet 1918, Le Canard enchaîné se penche sur une angoisse bien parisienne : comment réagir face aux bombardements aériens qui frappent la capitale ? L’article « Le seul moyen » propose, avec un humour pince-sans-rire, une solution radicale : établir une règle claire pour éviter toute confusion — qu’on s’accorde enfin sur la façon de crier « Voilà l’alerte ! » et « C’est fini ! ». Dans l’ombre des gothas, l’ironie du Canard éclaire la peur quotidienne avec des éclats de bon sens satirique.
Dialogue muet, dessin de Marcel Arnac
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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Le texte « Le seul moyen », publié en une du Canard enchaîné du 3 juillet 1918, illustre parfaitement la manière dont l’hebdomadaire satirique abordait les réalités anxiogènes de la guerre : en transformant l’angoisse en sujet de dérision. Le propos part d’une observation simple, presque triviale : les lecteurs se plaignent de recevoir des fausses alertes aériennes, données sans concertation, dans le plus grand désordre. Les bombardements de Paris, fréquents depuis 1915 et intensifiés en 1918, avaient profondément marqué la population civile. Mais plutôt que d’insister sur la peur et la souffrance, Le Canard choisit la voie de l’absurde.
Le journal propose de régler la question comme on réglerait une réunion de copropriété : instaurer une méthode unique pour annoncer le danger et son terme. « Voilà l’alerte ! » puis « C’est la fausse alerte, y’a pas de gothas ». Par ce mécanisme satirique, l’horreur des bombardements est tournée en ridicule bureaucratique. Le problème, mortellement sérieux — comment réagir face à une menace venue du ciel —, se trouve transposé dans le registre du règlement intérieur et des querelles de voisinage.
Le cœur de la blague réside dans la conclusion : afin d’assurer la discipline collective, chacun descendra à la cave au moindre signal, quitte à être trompé par les sirènes. L’argument est implacable : « Dans cet état, tout le monde sera content. » Le Canard souligne ici, avec son art de la litote, la résignation forcée des civils : on s’habituera à tout, même à l’absurde, pour peu que la règle soit claire.
Cette chronique s’inscrit dans une série de textes de l’été 1918 où le journal cherche à apprivoiser la peur par le rire. Les gothas et obus de longue portée avaient semé la terreur à Paris, mais aussi engendré un flot de rumeurs, de fausses alertes et d’inquiétudes disproportionnées. En faisant mine de proposer une solution « simple et efficace », Le Canard révèle la véritable absurdité : celle d’une société où la guerre s’immisce jusque dans les gestes les plus quotidiens, transformant la cave en refuge et les cris de voisins en signaux de survie.
Ainsi, derrière l’ironie, c’est toute une chronique de la vie parisienne sous les bombes qui transparaît : l’angoisse, la résignation, et la capacité inépuisable des Français à tourner leurs malheurs en traits d’esprit.





