N° 107 du Canard Enchaîné – 17 Juillet 1918
N° 107 du Canard Enchaîné – 17 Juillet 1918
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French Lessons, par Whip
Le Canard ironise aussi sur les leçons d’anglais donné par Le Matin dans ses manchettes, à ses lecteurs. Résultat : une parodie jubilatoire qui ridiculise à la fois l’arrogance du Matin et la fascination béate pour l’anglais, en pleine guerre.
L’intruse – dessin de Bour, ironisant sur la capacité du douanier à stopper le grippe espagnole, nouveau fléau qui surgit en cet été 1918, la guerre n’étant pas terminée.
Mise au point – Réponse salée de Prosper Grivelot au Canard…
Les oubliés réclament, Une délégation au « Morningue », par Henri Béraud – Bunau-Varilla reçoit au Matin une délégation : L’amicale des personnalités dont il n’est plus question depuis 1914…La guerre les ayant fait disparaitre des colonnes du journal.
Philosophie, dessin de Depaquit.
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L’article « French Lessons », paru en une du Canard enchaîné du 17 juillet 1918, est un modèle de dérision journalistique. L’hebdomadaire s’attaque ici à l’un de ses concurrents, Le Matin, qui s’était lancé dans une entreprise pour le moins cocasse : apprendre l’anglais à ses lecteurs en glissant, chaque jour en manchette, un ou deux mots de vocabulaire avec leur prononciation.
Whip se régale de l’absurdité de ce procédé. Calcul à l’appui, il note que l’anglais comportant près de 93 000 mots, le fidèle lecteur du Matin maîtriserait la langue… au bout de 282 ans. Et encore, souligne le journal, « tout va si vite maintenant » : peut-être la guerre sera-t-elle finie avant que l’élève modèle ne puisse commander un steak à Londres.
Mais l’essentiel est ailleurs : encouragé par cette trouvaille, Le Canard enchaîné propose à son tour de donner des « leçons de français » aux alliés anglo-américains. Non pas à partir de phrases solennelles ou littéraires, mais en piochant dans ces bonnes vieilles expressions populaires et loufoques qui font la saveur du quotidien : « Où est la petite trompette de la grand’mère ? », « Elle est bouchée, mais la belle-sœur du marchand de dondons a une tête de cochon », ou encore « Montez-vous souvent sur les chevaux de bois ? ».
L’humour culmine dans la transcription phonétique de ces phrases en pseudo-anglais, véritable sabir grotesque qui ridiculise autant les efforts du Matin que l’obsession française pour singer l’allié britannique. Ce faux cours devient ainsi une parodie grinçante des manies journalistiques et de l’inutilité de certaines entreprises médiatiques en temps de guerre.
La chute est mordante : en cas d’échec, promet le Canard, il suffira d’aller voir « une petite dame » qui apprendra aux malheureux à « comprendre le français sans le parler », ultime clin d’œil à l’absurdité d’un apprentissage superficiel.
Au-delà de la plaisanterie, l’article illustre la ligne du Canard enchaîné en 1918 : dégonfler les baudruches médiatiques, tourner en dérision la solennité des grands titres de presse, et rappeler que, même en pleine guerre, l’humour reste une arme contre la bêtise. Dans une époque saturée de pathos et de patriotisme, ce « cours de langue » railleur fait figure d’oxygène.





