N° 114 du Canard Enchaîné – 4 Septembre 1918
N° 114 du Canard Enchaîné – 4 Septembre 1918
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Psychoses et autres
Quand un vieux comte allemand s’improvise psychiatre, il voit partout des « psychoses de guerre ». Mais au Canard enchaîné du 4 septembre 1918, Dr Simon Hégésippe (pseudonyme satirique) retourne le diagnostic : si la haine contre l’Allemagne est une pathologie, alors que dire des obsessions monarchiques, des emballements réactionnaires ou des Sénats enrhumés de conservatisme ? Une chronique où la médecine et la politique s’entrechoquent, à la frontière de la satire et de la psychanalyse de comptoir.
« Concours d’échos pour L’Intran »
Nouveau florilège, où les contributions de lecteurs rivalisent d’inventivité. L’exagération, la caricature et l’incongruité dominent ces faux récits. Les pleurs ne sont plus qu’un matériau comique, instrumenté pour dénoncer l’instrumentalisation politique du sentiment. Le Canard transforme ainsi le patriotisme larmoyant en farce partagée.
La crise, dessin de Opnor – Refrain… d’un autre âge, dessin de Raoul Guérin – Un exemple, dessin de Depaquit – Dans six ans, dessin de Clo –
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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En pleine tourmente de 1918, quand les canons tonnent encore sur le front et que la grippe espagnole fait trembler l’arrière, Le Canard enchaîné choisit d’ausculter l’ennemi avec le stéthoscope de l’ironie. L’article signé « Dr Simon Hégésippe » s’attaque à un certain comte von Hertling, chancelier de l’Empire allemand, qui, du haut de ses soixante-dix ans, prétend avoir trouvé un concept-miracle : la « psychose de guerre ».
Le mot sonne savant, presque clinique, mais la plume du Canard s’empresse de le tourner en dérision. Car enfin, explique l’auteur, qu’il y ait de la haine contre l’Allemagne en France, est-ce vraiment une maladie ? Après quatre années de massacres, de villages détruits, de civils fusillés, n’y aurait-il pas quelques raisons objectives de ressentir une rancune persistante ? Ce n’est pas de la psychose, mais du simple bon sens !
Plus subtil encore, Simon Hégésippe met en lumière un double paradoxe. D’un côté, l’ennemi s’étonne que les peuples alliés développent une hostilité viscérale à son égard, comme si la guerre n’y était pour rien. De l’autre, en France, on observe une « psychose » d’un autre genre : la tendance à critiquer son propre gouvernement, à douter de ses institutions, à craindre que l’après-guerre ne ramène une monarchie déguisée. Le satiriste note avec malice que ce type de psychose est plus dangereux qu’une grippe, car elle empoisonne lentement l’avenir politique.
Le parallèle avec la Russie vient renforcer la charge. Là-bas, rappelle-t-il, Nicolas II a payé de sa vie une incapacité chronique à comprendre son peuple. Et Lénine, de son côté, illustre une autre forme de folie : celle qui, sous couvert de révolution, installe un nouveau système aussi impitoyable que l’ancien. La « psychose de guerre », loin d’être un jargon médical, devient alors une métaphore du dérèglement politique généralisé, du chaos que la guerre a semé dans les esprits et les régimes.
La conclusion claque comme une ordonnance ironique : moins on aura de cette psychose-là, mieux on se portera. En d’autres termes, mieux vaut prévenir que guérir, surtout quand les charlatans de la politique prétendent jouer les médecins des peuples. Le Canard réussit ainsi un coup double : moquer l’ennemi et pointer, sans en avoir l’air, les propres faiblesses françaises.





