N° 133 du Canard Enchaîné – 15 Janvier 1919
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Le « Tigre » Clémenceau troque son uniforme de chef de guerre pour celui d’artisan de la Paix, ce dont le Canard, par le crayon de Lucien Laforge, semble douter. Pour Clémenceau, cette paix doit avant toute réconciliation, être là pour faire payer les vaincus.
1919 : le progrès en question
Le Canard enchaîné raille les illusions modernistes
Dans son numéro du 15 janvier 1919, Le Canard enchaîné publie en une un article signé Simon Hégésippe : « Progrès et adaptation ». Au lendemain de la Grande Guerre, le terme « progrès » est sur toutes les lèvres : progrès technique, progrès social, progrès politique. Mais le journaliste s’amuse de cette rhétorique triomphale. Derrière le mot magique se cache une réalité bien plus terne : l’adaptation, souvent synonyme de résignation. Le Canard démonte l’illusion : le progrès n’est pas une fin en soi, il peut servir à prolonger les hiérarchies et justifier les inégalités.
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Le progrès, mot creux de l’après-guerre
Quand le Canard dénonce l’adaptation forcée
Le 15 janvier 1919, Le Canard enchaîné publie en une un texte de Simon Hégésippe intitulé « Progrès et adaptation ». À première vue, le titre semble refléter l’esprit du temps : celui d’une société qui, après quatre années d’horreurs, aspire à un monde meilleur. Mais l’article prend le contrepied de cette rhétorique optimiste pour en révéler la vacuité.
Hégésippe joue sur le double sens du mot « adaptation ». Au lieu de désigner une capacité d’innovation ou de souplesse, il l’entend comme un renoncement : s’adapter, c’est se plier aux contraintes imposées par les vainqueurs, accepter les injustices de l’ordre nouveau, se satisfaire de réformes de façade. Derrière les grandes proclamations de « progrès », on retrouve ainsi les vieilles hiérarchies, les mêmes privilèges, et la continuité d’un monde que la guerre n’a pas vraiment transformé.
Le style, empreint d’ironie, souligne ce paradoxe. Tandis que les gouvernements et les élites se félicitent de marcher vers l’avenir, le Canard montre que l’avenir ressemble furieusement au passé. On promet des droits nouveaux, mais on maintient les anciennes dépendances. On parle de modernité, mais on recycle les mêmes discours. Le progrès, ainsi dénoncé, n’est pas une marche en avant : c’est une marche sur place, présentée comme une avancée.
Cette critique, formulée dès janvier 1919, témoigne de la clairvoyance du journal. Alors que la majorité de la presse se complaît à vanter l’ère nouvelle inaugurée par la victoire, Le Canard enchaîné préfère mettre en garde contre le piège des mots. Le progrès, brandi comme un totem, peut servir à anesthésier l’opinion et à légitimer des choix politiques contestables.
En ce sens, l’article de Simon Hégésippe s’inscrit dans la tradition du journal : dégonfler les illusions, rappeler que derrière les slogans se cachent souvent des réalités beaucoup moins glorieuses. Un siècle plus tard, ce texte conserve toute sa pertinence : la critique du « progrès » comme mot magique reste un outil essentiel de vigilance politique et sociale.
LA VIE TROP BON MARCHÉ, Une délégation de MM. les Restaurateurs obtient la suppression de la Taxe, par Henri Béraud - Dans cet article, Henri Béraud se moque de la politique économique du gouvernement, en particulier de la suppression de la taxe sur les produits alimentaires, telle qu'annoncée par un ministre à M. Buisson, représentant des restaurateurs et bouillons. Béraud utilise un ton sarcastique pour dépeindre la scène où le ministre, lors d'une période électorale, fait des promesses vagues à M. Buisson sur la suppression de la taxation des produits alimentaires. Il caricature la réaction enthousiaste de M. Buisson et de ses collègues restaurateurs, décrivant ironiquement les conséquences supposées de cette mesure : une abondance soudaine d'œufs, de lait, de beurre, et une reprise de la vie économique. Béraud souligne le contraste entre les promesses gouvernementales et la réalité quotidienne des petits commerçants et des consommateurs, qui continueront probablement à subir des hausses de prix. L'article se termine par une critique acerbe des électeurs qui, confrontés à des promesses électorales vides, ne peuvent que se taire et subir les conséquences. Béraud utilise un langage coloré et imagé pour exposer son point de vue satirique sur la politique et l'économie de l'époque.