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N° 150 du Canard Enchaîné – 14 Mai 1919

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 Des canons ! Des munitions !

Mai 1919, la victoire est acquise et l’armistice a mis fin aux combats. Mais dans Le Canard enchaîné, un certain « Charles Humbert » réclame encore « des canons ! des munitions ! ». Sauf qu’il ne s’agit pas du vrai sénateur, mais d’Henri Béraud qui, derrière ce pseudonyme de circonstance, pousse à l’extrême les obsessions belliqueuses. En multipliant les slogans martiaux, il en révèle le ridicule : la guerre est finie, mais les marchands d’armes voudraient déjà en préparer une autre.


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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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L’article du Canard enchaîné daté du 14 mai 1919, titré « Des canons ! Des munitions ! », joue avec les codes de l’imposture. De prime abord, tout semble authentique : le nom de Charles Humbert, sénateur de la Meuse, figure connue pour avoir martelé ce slogan dès 1914, et le ton martial, grave, presque prophétique. Mais le lecteur averti comprend vite la supercherie : c’est Henri Béraud, plume satirique redoutable, qui prend ici la parole sous le masque d’Humbert.

Qui était Humbert ?

Charles Humbert, ancien officier, sénateur influent, avait acquis une notoriété bruyante pendant la guerre. Dans son journal, Le Journal, il n’avait cessé de réclamer des armes, accusant les gouvernements successifs d’imprévoyance et se posant en champion de la puissance de feu. Sa formule « Des canons ! Des munitions ! » devint son mot d’ordre, repris à satiété dans la presse. Mais son patriotisme avait un revers : mêlé au scandale des décorations et soupçonné de collusions avec les industriels de l’armement, il traînait la réputation d’un politicien affairiste, prompt à transformer la défense nationale en rente.

Béraud pastiche Humbert

Henri Béraud s’empare de cette figure avec gourmandise. Il la pousse jusqu’à la caricature, répétant la formule obsessionnelle à en étouffer le lecteur : « Des canons ! Des munitions ! encore et toujours. » Là où Humbert voulait galvaniser, Béraud provoque le rire. La mécanique verbale devient mécanique de foire : un slogan creux, qui tourne à vide.

La moquerie est subtile. Béraud rapporte les plaisanteries entendues — « Des canons pour caner ? Des munitions pour munir ? » — que son faux Humbert balaie d’un geste méprisant. Mais ce mépris souligne en réalité la faiblesse de l’argument : on ne rit pas seulement du calembour, on rit de l’incapacité du personnage à y répondre autrement que par son leitmotiv.

Un décalage historique

Ce qui donne toute sa force à la satire, c’est le contexte. En mai 1919, la guerre est finie depuis six mois. Les soldats sont démobilisés, les familles réclament la reconstruction, la paix de Versailles approche. Or Béraud fait dire à son Humbert que le problème reste « aussi urgent aujourd’hui qu’hier » et que les « précautions » de la France ne peuvent être que des arsenaux pleins. Ce décalage entre une société qui aspire à tourner la page et un politicien obsédé par les obus fait éclater le ridicule.

Comment les lecteurs ont-ils reçu ce texte ?

Pour les fidèles du Canard, habitués à son humour grinçant, la parodie devait être transparente. Chacun connaissait le refrain d’Humbert, rabâché dans les journaux depuis 1914. Voir ce slogan ressurgir, martelé avec une emphase qui frise le grotesque, ne pouvait que déclencher le rire complice. On riait de Humbert, de ses casseroles, de sa logorrhée, mais aussi d’un certain état d’esprit politique : celui qui, même après la victoire, ne sait penser qu’en termes de canons et d’obus.

Il y avait sans doute aussi une dimension critique plus large. Le Canard, en mai 1919, se positionne contre la tentation de prolonger la logique de guerre au moment où la France aurait dû s’ouvrir à la paix. Rire d’Humbert, c’était aussi dénoncer l’influence des marchands de canons, la persistance des intérêts financiers qui trouvaient dans l’armement une rente inépuisable.

Une ritournelle devenue parodie

La chute du texte scelle l’effet comique : « Les précautions s’appellent désormais : Des canons ! des munitions ! » Chez Humbert, c’était un cri de ralliement ; chez Béraud, c’est une rengaine de perroquet. La transformation est totale : la rhétorique martiale se retourne contre elle-même.

En publiant cette fausse tribune, Le Canard enchaîné offrait à ses lecteurs une double satisfaction : rire d’un politicien honni et exorciser, par la dérision, l’obsession de la guerre qui continuait de hanter la vie publique.