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N° 173 du Canard Enchaîné – 22 Octobre 1919

N° 173 du Canard Enchaîné – 22 Octobre 1919

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22 octobre 1919 : quand Versailles signe la paix… avec Berlin contre Moscou

Le Canard déchaîné orchestre la grande farce d’une « alliance franco-allemande » scellée à coups de canons et de drapeaux, où Poincaré et Ebert, Foch et Hindenburg, se donnent la main pour écraser le spectre bolchevique. Une satire qui éclaire les peurs d’après-guerre et dénonce la tentation d’une nouvelle croisade en Europe.

La campagne électorale est ouverte – dessin de Bécan

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Dans son édition du 22 octobre 1919, Le Canard déchaîné frappe fort avec une satire au vitriol signée Roland Dorgelès. Le titre lui-même est un pied de nez monumental : « L’Alliance franco-allemande est conclue ». Huit mois après la signature du traité de Versailles, qui plaçait l’Allemagne au rang de vaincue et d’ennemie héréditaire, voilà que le journal imagine Clemenceau et Poincaré bras dessus bras dessous avec Ebert et Hindenburg, unis dans une nouvelle « croisade » : non plus contre le Reich, mais contre Moscou et l’« hydre bolchevique ».

Tout l’article est une parodie de bulletin triomphal. Les plumes de Dorgelès tournent en dérision les rhétoriques enflées qui accompagnaient, depuis 1914, chaque mobilisation et chaque victoire. La guerre est finie, mais le ton guerrier continue de résonner : pour conjurer la menace soviétique, on proclame l’« union sacrée » des vieux ennemis. Foch et Hindenburg deviennent les généraux d’une armée alliée, tandis que Poincaré et Ebert se serrent la main sous les ors de la galerie des Glaces.

Dorgelès ne se contente pas d’un récit imaginaire : il en reproduit tous les codes. Communiqués officiels, salves de canon, réception solennelle à Versailles, discours enflés – tout est tourné en ridicule. Hindenburg est décrit comme prêt à « servir loyalement » la civilisation après avoir écrasé les bolcheviques, Clemenceau feint la modestie en rappelant qu’il n’a tué « qu’un seul soldat allemand », et la foule parisienne acclame cette entente improbable en criant « Vive Maggi ! » — marque alimentaire allemande très implantée en France.

La charge est d’autant plus percutante qu’elle vise une obsession bien réelle de l’époque : la peur du bolchevisme. Depuis 1917, la Révolution russe alimente fantasmes et inquiétudes, en France comme ailleurs. La victoire militaire de 1918 n’efface pas l’angoisse sociale et politique. Dorgelès montre à quel point cette peur pourrait, au nom de la « civilisation », renverser les alliances et effacer la mémoire de quatre ans de guerre.

Sous la blague, le propos est grave : l’ennemi d’hier peut devenir l’allié de demain, si l’ordre bourgeois et capitaliste l’exige. En ridiculisant cette hypothèse, Le Canard déchaîné invite ses lecteurs à se méfier des discours qui appellent à de nouvelles croisades. Après la guerre pour la patrie, voilà qu’on leur vend la guerre pour sauver la civilisation. Mais cette fois, la satire du Canard veille : les mots ronflants ne trompent plus.

La France face à la Russie bolchevique en 1919

Si la croisade anti-bolchevique décrite par Dorgelès est une invention ironique, elle s’ancre dans un contexte très concret. Dès 1918, la France de Clemenceau a participé à l’intervention militaire des Alliés en Russie. Des contingents français sont envoyés à Mourmansk et Arkhangelsk, au nord, ainsi qu’à Odessa, en mer Noire. Leur mission : soutenir les « armées blanches » contre les bolcheviques et protéger les stocks de matériel allié envoyés contre l’Allemagne avant l’armistice.

Mais ces expéditions s’avèrent un fiasco. Mal préparés, démoralisés, mal accueillis par les populations, les soldats français en Russie refusent parfois le combat, allant jusqu’à fraterniser avec les troupes rouges. Dès le printemps 1919, des mutineries éclatent — en particulier à Odessa et Sébastopol — obligeant Paris à rapatrier précipitamment ses troupes.

C’est dans ce climat que s’installe en France une peur diffuse du « péril rouge ». Les élites politiques et économiques redoutent que l’agitation ouvrière et les grèves massives, qui secouent le pays en 1919, ne soient le signe d’une contagion révolutionnaire. De là à imaginer une « alliance franco-allemande » pour contenir le bolchevisme, il n’y avait qu’un pas… que Dorgelès franchit pour mieux tourner la panique en dérision.

Ainsi replacée dans son contexte, la farce du Canard déchaîné révèle tout son sens : dénoncer une bourgeoisie prête à renverser ses alliances et à trahir les sacrifices de 14-18 pour défendre ses intérêts de classe, au nom d’une « civilisation » toujours à sauver.