N° 239 du Canard Enchaîné – 26 Janvier 1921
N° 239 du Canard Enchaîné – 26 Janvier 1921
Le prix initial était : 79,00 €.35,00 €Le prix actuel est : 35,00 €.
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La lanterne du Bouif
Où il est question d’une déclaration ministérielle
Dans sa « lanterne », La Fouchardière éclaire d’un rire grinçant les déclarations ministérielles et les illusions parlementaires. Entre souvenirs de jeunesse de Briand, anecdotes de cochons malmenés à Pouillon et critiques des réformes promises sans cesse, la chronique du 26 janvier 1921 déploie un humour qui démonte la comédie politique de l’après-guerre.
Signalement, dessin de Lucien Noël –
découpe nette d’un coupon jeu « Concours du Canard, La revue à clef » à renvoyer au journal à l’angle bas de la page 3 (de 9 x 13 cm)
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La chronique de Georges de La Fouchardière, publiée dans Le Canard enchaîné du 26 janvier 1921, illustre à merveille l’art satirique du journaliste : prendre au sérieux les petites phrases ministérielles pour mieux les réduire à néant par le rire. Le titre, « Où il est question d’une déclaration ministérielle », annonce la cible : Aristide Briand, président du Conseil, revenu au pouvoir quelques semaines plus tôt, et ses réformes annoncées avec emphase.
Le dialogue du Bouif avec son compère Bicard, procédé habituel de la chronique, joue sur la naïveté feinte du premier et le scepticisme goguenard du second. Quand Briand parle de la « possibilité de réformer les institutions », La Fouchardière s’empresse de rappeler que ce n’est pas la première fois que les gouvernements promettent de telles transformations – et que jamais elles ne viennent. La Chambre des députés, écrit-il, « est une boîte à musique qui ne fait jamais entendre de choses pareilles ».
Le texte multiplie les anecdotes populaires pour tourner en dérision la gravité politique. Le parallèle avec une histoire de cochon à Pouillon, où l’animal finit par « planter la lame dans le lard du charcutier », fonctionne comme une métaphore burlesque des réformes qui se retournent contre ceux qui les annoncent. La satire repose sur ce mélange permanent entre le sérieux de la politique nationale et les images triviales du quotidien paysan.
L’arrière-plan historique éclaire cette ironie. En janvier 1921, la France connaît une instabilité gouvernementale chronique : Aristide Briand, revenu à la tête du gouvernement le 16 janvier, n’en est déjà plus à son premier passage. La République de l’après-guerre, confrontée aux séquelles du conflit et aux difficultés économiques, accumule les crises et les discours sans lendemain. La Fouchardière traduit dans son « Bouif » le sentiment de lassitude populaire : on ne croit plus aux grandes promesses, mais on rit de leur vacuité.
La chronique aborde aussi la question fiscale et les plaintes des petits propriétaires contre l’impôt foncier, révélant une autre fracture sociale : celle entre l’État et les contribuables, thème qui traverse les débats des années 1920. Le Canard, fidèle à son rôle, donne la parole à ce « peuple » incarné par Bicard et le Bouif, qui, entre scepticisme et plaisanterie, expriment une méfiance profonde envers la classe dirigeante.
En somme, La Fouchardière signe ici une page de satire politique qui résume l’état d’esprit de l’après-guerre : les gouvernements passent, les réformes sont promises, mais dans les cafés comme dans les campagnes, on continue de n’y voir qu’une comédie. Le cochon de Pouillon, tout comme le contribuable excédé, deviennent des figures plus parlantes que les tribunes du Sénat. Et si la politique est une farce, autant la raconter comme telle.

 
      



