Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 310 du Canard Enchaîné – 7 Juin 1922

N° 310 du Canard Enchaîné – 7 Juin 1922

79,00 

En stock

Décentralisation patriotique

Avignon a fait au Général Mangin une réception enthousiaste

Avignon acclame le général Mangin comme un héros, mais les légumes pleuvent autant que les fleurs. Entre ferveur patriotique, spontanéité méridionale et récupération politique, Rivet s’amuse de cette réception aux allures de kermesse villageoise – Illustration de Mat

La ville et le monde, dessin de Mat Ode à ma Normandie, dessin de Angeli

 

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le 7 juin 1922, Le Canard enchaîné s’empare d’un épisode provincial qui, vu de Paris, a tout du folklore : la réception donnée à Avignon en l’honneur du général Charles Mangin. Celui qu’on surnommait volontiers le « boucher » en raison de son rôle dans les offensives meurtrières de 1917, est ici présenté dans un décor presque burlesque, où la gloire militaire se trouve mêlée aux effusions méridionales et aux offrandes potagères.

L’article de Jules Rivet restitue avec un ton à la fois enjoué et ironique cette soirée patriotique. Sur la scène de l’Apollo, Mangin reçoit les hommages des édiles locaux : maire, préfet, archevêque, colonels et notables défilent pour saluer le héros. Mais à peine a-t-il ouvert la bouche que des applaudissements tonitruants couvrent sa voix — aussitôt relayés par l’entrée en scène inattendue… des maraîchers et jardiniers, venus déposer des paniers de légumes en guise de tribut patriotique. Les fleurs se mêlent aux choux, les bouquets aux courgettes : Avignon acclame son général avec la chaleur méridionale et le langage savoureux de ses marchés.

Ce mélange de ferveur et de cocasserie illustre bien le contexte des années 1920 : la mémoire de la Grande Guerre reste omniprésente et les généraux sillonnent la France pour entretenir le feu patriotique. Mais les hommages provinciaux, loin du décorum rigide des cérémonies parisiennes, prennent parfois des allures de fête foraine. Rivet souligne cette spontanéité méridionale, où l’émotion sincère se double d’un comique involontaire. Les cris d’enthousiasme — « Pico li su testo ! », « E Zoa ! », « Viejo li la ! » — sonnent comme un mélange de latin de cuisine et de chanson de foire, que le Canard restitue avec gourmandise.

Au-delà de la caricature, l’article reflète aussi une réalité politique : l’armée et ses figures restent des piliers du régime, notamment dans un moment où la France sort à peine des tensions de l’immédiat après-guerre. La présence de l’archevêque, aux côtés des autorités civiles, témoigne de l’alliance entre patriotisme et catholicisme, deux ressorts de légitimation qu’il convenait de flatter dans les provinces. Mais le décalage est patent : ce général auréolé de gloire militaire se retrouve fêté à coups de bouquets de laitues et de paniers de fruits. Le contraste est si saisissant qu’il en devient une parabole : les héros de la guerre sont peut-être respectés, mais leur culte est déjà recouvert du vernis bonhomme et goguenard des provinces.

Le Canard enchaîné s’en amuse d’autant plus que Mangin, personnage controversé à Paris, apparaît ici comme l’objet d’une dévotion pittoresque. La satire vise moins l’homme que le cérémonial lui-même, gonflé de patriotisme mais vidé de solennité, où l’on acclame un général comme on fêterait une vedette de théâtre ou le retour de la Saint-Jean. En somme, Rivet nous donne à voir un pays qui, tout en honorant ses chefs militaires, commence à les recouvrir d’un voile d’ironie populaire : signe que le souvenir de la guerre, déjà, s’accommode de la distance humoristique.


Charles Mangin (1866-1925)

Surnommé le « boucher » par ses détracteurs en raison de ses offensives meurtrières de 1917, le général Charles Mangin incarne l’une des figures les plus controversées de la Grande Guerre. Officier colonial, il s’était distingué avant 1914 en Afrique, où il mit en pratique une doctrine de guerre sans ménagement. Pendant le conflit, il se fit le chantre des troupes coloniales, notamment lors de l’offensive du Chemin des Dames en avril 1917, où ses attaques massives se soldèrent par des pertes considérables.

Après l’armistice, Mangin continua de peser dans la vie militaire et politique. Il participa à l’occupation de la Rhénanie et soutint une ligne dure face à l’Allemagne, ce qui lui valut une réputation d’inflexible patriote. Dès le début des années 1920, il entreprit des tournées en province pour raviver le patriotisme et cimenter le souvenir de la victoire.

Honoré par certains comme un héros national, critiqué par d’autres comme un symbole d’aveuglement stratégique, Mangin reste une figure emblématique des débats mémoriels de l’entre-deux-guerres. Son décès brutal en 1925 mit fin à une carrière aussi éclatante que discutée.