N° 376 du Canard Enchaîné – 12 Septembre 1923
N° 376 du Canard Enchaîné – 12 Septembre 1923
79,00 €
En stock
Le Canard cible le militarisme allemand
Une belle manifestation en pays reconquis
Dans son numéro du 12 septembre 1923, Le Canard enchaîné publie « Contre le militarisme allemand ». Le titre semble reprendre la rhétorique officielle de l’après-guerre, mais le ton du journal, lui, renverse les perspectives. En s’attaquant au militarisme « d’en face », le Canard met en évidence que la France n’a guère de leçons à donner, elle qui maintient une armée pléthorique, occupe la Ruhr et entretient un esprit de revanche. L’article se moque des discours martiaux, présentés comme des caricatures, et souligne combien les postures patriotiques ressemblent des deux côtés du Rhin. En fait, c’est contre le militarisme tout court que la satire se dresse, allemand ou français.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
Un faux ennemi pour une vraie critique
Le Canard enchaîné et la dénonciation des logiques guerrières
Le 12 septembre 1923, Le Canard enchaîné titre « Contre le militarisme allemand ». De prime abord, rien de surprenant : depuis 1918, toute la presse française dénonce la menace persistante de l’Allemagne, accusée de préparer sa revanche. Mais en réalité, le journal satirique ne se contente pas de répéter ce refrain : il l’utilise comme miroir critique.
L’ironie naît d’un décalage. En se présentant comme un adversaire intransigeant du militarisme d’outre-Rhin, le Canard amène ses lecteurs à constater que la France agit de manière similaire. L’occupation de la Ruhr, décidée en janvier 1923, a plongé l’Europe dans une crise majeure, avec violences, grèves et représailles. Tout en accusant l’Allemagne de militarisme, la République française se comporte elle-même en puissance armée, brandissant son sabre pour imposer les réparations.
L’article fonctionne donc comme une parabole : derrière l’ennemi commode, c’est la logique même du militarisme qui est visée. Qu’il soit allemand ou français, il repose sur les mêmes mécanismes : glorification de la force, recours systématique aux uniformes et aux armes, discours enflammés qui masquent les réalités économiques et sociales. Le Canard met en lumière cette symétrie, soulignant que la haine de l’ennemi nourrit avant tout les intérêts des gouvernants et des industriels.
Ce texte illustre aussi la fonction pacifiste du journal dans les années 1920. Loin d’être naïvement idéaliste, sa critique se fonde sur l’expérience récente : la Grande Guerre a montré les ravages de l’idéologie militariste, et pourtant, cinq ans plus tard, les nations européennes semblent incapables de s’en défaire. Le rire devient ici une arme de démystification : en ridiculisant les postures martiales, le Canard rappelle que le militarisme n’est pas une force de sécurité, mais une menace permanente pour la paix.
Enfin, l’article souligne la contradiction d’une République française qui prétend défendre la civilisation tout en pratiquant elle-même une politique de contrainte armée. En pointant du doigt le militarisme allemand, le Canard oblige ses lecteurs à voir le reflet français dans ce miroir.
Avec « Contre le militarisme allemand », l’hebdomadaire prouve qu’il sait utiliser l’ironie non pour flatter l’opinion dominante, mais pour la retourner contre elle. En dénonçant l’ennemi officiel, il met en accusation l’esprit de guerre universel qui, en 1923, empêche encore l’Europe de se relever.





