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N° 557 du Canard Enchaîné – 2 Mars 1927

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Notre devise

En mars 1927, Le Canard enchaîné s’amuse à détourner les formules martiales des associations d’anciens combattants. Là où les ligues d’anciens poilus prônent des devises patriotiques, l’hebdomadaire remplace la grandiloquence par un mot d’ordre de cabaret. Plutôt que de « commander pour servir », devise bien sérieuse, le Canard propose une variation gouailleuse : commander… un Picon, un Pernod ou un petit verre de rhum. À la solennité guerrière, il oppose la convivialité du zinc, comme si la meilleure réponse au militarisme était encore l’ironie et la dérision joyeuse des bistrots parisiens.

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Notre devise

Du champ de bataille au comptoir

Le numéro du 2 mars 1927 frappe par sa simplicité et son efficacité. L’article intitulé « Notre devise » illustre un procédé cher au Canard enchaîné : retourner contre ses promoteurs le langage solennel du patriotisme.

À l’origine, il s’agit de la devise d’un organisateur de ligue d’anciens combattants : « Commander pour servir ». La formule, qui se veut noble et chevaleresque, résume la logique militariste de ces associations, convaincues que le sacrifice et l’obéissance doivent structurer la société même après la guerre. Mais le Canard préfère y voir une farce. Son commentaire tient en un seul déplacement : « Notre devise, à nous, c’est commander… un Picon, un Pernod, un peu de rhum. »

Par ce renversement, l’hebdomadaire substitue l’univers du bistrot à celui de la caserne. Au lieu du glaive, le verre. Au lieu des ordres, les toasts. Le trait est double : il ridiculise le sérieux de ces discours d’anciens combattants, tout en affirmant une philosophie alternative. La convivialité populaire, l’art de rire et de trinquer, sont ici posés en antidote au bellicisme.

Ce petit texte concentre l’esprit du Canard de l’entre-deux-guerres. Plutôt que de dénoncer frontalement le militarisme – ce qu’il fait aussi ailleurs –, il l’érode par le rire. L’effet de contraste est d’autant plus saisissant que la devise initiale résonne comme un appel au sacrifice permanent, une militarisation de la vie civile. En répondant par un détournement joyeux, le journal rappelle que les poilus, une fois revenus du front, aspiraient surtout à vivre, à boire, à oublier.

Ce genre de pastiche illustre aussi la ligne éditoriale plus large : toute tentative de prolonger l’esprit guerrier dans la société civile est perçue comme suspecte. Derrière le gag, il y a un avertissement : si l’on continue à glorifier les mots d’ordre martiaux, on prépare la « prochaine dernière guerre ». En substituant le verre au fusil, Le Canard propose un pacifisme moqueur, mais résolument critique.

En somme, « Notre devise » est un condensé de satire antimilitariste : un slogan officiel vidé de son sérieux, retourné en clin d’œil populaire, où la meilleure arme reste encore l’humour.