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N° 698 du Canard Enchaîné – 13 Novembre 1929

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13 novembre 1929 : “Parlons francs !” — quand Le Canard se propose à Tardieu


Une semaine après avoir “félicité” le nouveau gouvernement Tardieu, Le Canard enchaîné pousse plus loin la blague : il propose ses services. Dans un faux éditorial d’offre commerciale, les satiristes ironisent sur la presse de connivence qui encense le pouvoir — et se fait payer pour le faire. Sous le ton badin, un constat sans fard : la liberté de la presse coûte cher, et les “fonds secrets” du gouvernement servent souvent à l’acheter. En 1929 comme aujourd’hui, le Canard reste le seul à parler… franc.

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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13 novembre 1929 : Le Canard “parle franc”… et tire à blanc sur la presse achetée

Dans son éditorial du 13 novembre 1929, Le Canard enchaîné joue une partition qu’il maîtrise à la perfection : celle de l’autodérision corrosive. Le texte, intitulé “Parlons francs !”, est une fausse lettre ouverte adressée au nouveau chef du gouvernement, André Tardieu, récemment installé à Matignon. Une semaine plus tôt, le journal avait salué sa nomination dans un éloge volontairement excessif — “le parti des honnêtes gens est enfin au pouvoir”. Cette fois, il pousse la logique jusqu’à l’absurde : après tant d’éloges officiels, pourquoi ne pas, soi aussi, se faire payer ?

Le ton est faussement bonhomme, presque commercial : “Ce n’est pas pour nous vanter, mais nous sommes de ceux qui ne savent pas rester sourds à une certaine forme d’éloquence bien envoyée.” En quelques lignes, le Canard se positionne en fournisseur de propagande potentielle, “une maison de confiance” prête à louer sa plume “à prix raisonnable”. Mais sous la plaisanterie perce la critique la plus directe possible du système médiatique français de l’époque.

Car en 1929, la question des “fonds secrets” est un véritable serpent de mer politique. Ces crédits budgétaires, officiellement destinés à des “dépenses imprévues”, servaient en réalité à financer les journaux amis du pouvoir et à museler les critiques. Les gouvernements successifs, de Poincaré à Tardieu, ont entretenu cette pratique, où la fidélité éditoriale s’achetait en espèces. Le Canard, lui, s’en amuse — tout en dénonçant frontalement cette corruption institutionnelle. “Si M. Tardieu, qui voit grand et loin, ne lésine pas sur un billet de plus par rédacteur et par semaine... nous nous dévouons”, glisse ironiquement le rédacteur.

Ce cynisme affiché n’est pas du cynisme véritable : c’est du sarcasme au service d’une idée, celle de l’indépendance. En se proposant au plus offrant, Le Canard souligne son refus d’être acheté. Il rappelle aussi que la majorité de la presse dite “indépendante” — Le Quotidien, La Croix, Le Pèlerin, voire L’Intransigeant — vit en réalité de subventions déguisées. Les “60 000 Françaises et Français du Quotidien” mentionnés dans le texte ne sont pas des lecteurs enthousiastes, mais les bénéficiaires indirects de cette mécanique bien huilée.

L’éditorial ne s’en tient pas à la satire de la presse : il croque aussi le style Tardieu, mélange d’autorité technocratique et de communication moderne avant l’heure. L’homme du “désintéressement et du réalisme”, vanté quelques jours plus tôt dans les colonnes du Canard, devient ici le symbole du pragmatisme intéressé : celui qui parle franc, mais compte ses billets. La formule finale, “Parlons francs”, résonne alors comme un double sens mordant : parler clair… ou parler argent.

Historiquement, cette édition du 13 novembre 1929 intervient à un moment charnière. Le krach de Wall Street, trois semaines plus tôt, commence à ébranler les économies européennes. En France, pourtant, le discours officiel reste rassurant : stabilité, ordre, confiance. Le Canard prend à contre-pied cette posture, en montrant que la presse dominante préfère flatter le pouvoir plutôt que d’interroger ses failles.

Sous ses airs de cabotin, le journal revendique ainsi son rôle unique : celui d’un témoin incorruptible. Dans une République où tout s’achète — du silence des journaux à la loyauté des ministres —, Le Canard enchaîné se vend… pour rire, et se sauve en riant.