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N° 700 du Canard Enchaîné – 27 Novembre 1929

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27 novembre 1929 : cinq milliards pour l’« outillage national » — ou l’art de se servir


Sous la plume acérée de Victor Snell, Le Canard enchaîné salue à sa manière le plan Tardieu d’investissement public. Cinq milliards pour “moderniser la France” ? Très bien, répond le Canard, mais qui donc va s’en servir ? Derrière la rhétorique patriotique de “l’outillage national”, Snell dénonce un système où les subventions filent vers les mêmes poches : industriels, constructeurs, compagnies radiophoniques ou bureaux d’étude proches du pouvoir. En novembre 1929, au lendemain du krach de Wall Street, la France croit investir pour son avenir. En réalité, elle perfectionne déjà ses clientélismes.

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27 novembre 1929 : “L’outillage national” selon Victor Snell, ou le cadeau empoisonné de Tardieu

Au moment où l’économie mondiale vacille sous les secousses du krach de Wall Street, Le Canard enchaîné du 27 novembre 1929 s’attelle à une question toute française : la générosité soudaine du gouvernement Tardieu. Sous le titre ironique « La subvention à l’outillage national et la manière de s’en servir », Victor Snell décortique avec humour le tout nouveau plan de dépenses publiques — cinq milliards promis à la “modernisation” du pays.

Cinq milliards, précise Snell, “qu’on nous rend”, car l’État prétend ainsi restituer au peuple une part de ce qu’il a prélevé par l’impôt. Mais le journaliste s’empresse de démonter l’illusion : ce n’est pas au citoyen qu’on rendra quoi que ce soit, mais à une nébuleuse de “parties prenantes” bien plus adroites. Derrière la façade d’un programme national, il voit un vaste système de redistribution… vers les proches du pouvoir.

L’ironie du texte repose sur ce mélange de langage administratif et de bon sens populaire. Snell imagine le Français moyen réclamant sa part : “M. Tardieu nous doit 125 francs ; demain, j’irai chez le percepteur.” Une logique “équitable, mais un peu simpliste”, écrit-il. Le véritable citoyen avisé, suggère-t-il, saura “se débrouiller”, autrement dit se placer parmi ceux qui, sous couvert d’enquêtes, de comités ou de réseaux à créer, récolteront la manne.

Et Snell déroule la liste des “bonnes affaires” : 30 millions pour une enquête sur la production agricole, 50 millions pour un réseau de radiodiffusion dans les campagnes, 600 millions pour la création de terrains de jeux... Chaque ligne budgétaire est prétexte à un trait d’esprit : “Un réseau sans fils, naturellement. Et 50 millions, c’est bon à prendre.” Sous le rire, on entend le soupçon : derrière ces chiffres, tout un monde d’entreprises et d’intermédiaires s’apprête à profiter de la dépense publique.

Ce texte s’inscrit dans un contexte précis. À l’automne 1929, André Tardieu, nommé président du Conseil depuis un mois, entend rompre avec l’austérité poincaréenne et lancer ce qu’il appelle “le grand chantier de la France moderne”. Son idée : investir massivement dans les infrastructures, l’électricité, les transports, la radio et le logement. En un mot, “outiller la nation”. Mais pour Le Canard enchaîné, cette politique de relance n’est qu’une version technocratique du clientélisme parlementaire : les milliards pleuvent, mais sur les milieux déjà installés.

Snell joue de cette ambiguïté jusqu’à la dernière ligne, en concluant : “On ne peut pas, vraiment, faire tout à la fois !” Une pique à la fois contre la prétention réformatrice du gouvernement et contre la duplicité d’un État qui distribue généreusement… à condition de savoir se servir.

L’article révèle, comme souvent dans les années Tardieu, l’intelligence politique du Canard enchaîné : sous le vernis d’humour, une critique économique lucide. Ce qui est présenté comme un plan national d’investissement s’apparente déjà à une subvention généralisée à la bourgeoisie industrielle et administrative.

Quelques semaines après le krach américain, Le Canard rappelle que la France, elle aussi, risque de payer cher le prix de ses illusions. Et que, derrière les “5 milliards pour l’outillage national”, il n’y a peut-être qu’un gigantesque “outil” au service des mêmes.