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N° 830 du Canard Enchaîné – 25 Mai 1932

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Le Canard enchaîné enterre Jean Chiappe

Mai 1932 : le préfet de police Jean Chiappe, héros de la droite, se ridiculise en expédiant un télégramme d’insultes à un journaliste corse. Le Canard enchaîné s’en empare et l’enterre à coups de faux courriers et de sarcasmes. André Dahl orchestre ses “adieux” dans un festival d’ironie. Le despote parisien devient un pantin de papier : la République, enfin, rit de son propre tyran.

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25 mai 1932 : Le Canard enchaîné enterre Jean Chiappe, préfet tout-puissant de la police parisienne

Dans son édition du 25 mai 1932, Le Canard enchaîné tire à boulets rouges sur le préfet de police Jean Chiappe, figure autoritaire, adulée par la droite et détestée par les républicains. L’homme, incarnation du maintien de l’ordre parisien depuis 1927, vient d’être rappelé à l’ordre par le gouvernement après un nouveau dérapage : une querelle violente avec un journal corse, Le Petit Bastiais, qui tourne au scandale politique. Le Canard s’empare de l’affaire avec jubilation, à travers trois textes d’une férocité exemplaire : un article anonyme à la une, un second en page 2, et un troisième, signé André Dahl, en page 3. L’ensemble compose un enterrement en règle — d’un préfet plus populaire que légaliste, d’un régime qui s’accommode encore des coups de poing.

Tout commence par la révélation d’un télégramme pour le moins ahurissant, expédié par Chiappe à un journaliste d’Ajaccio, Martin Bianconi, directeur du Petit Bastiais. Le préfet y regrette « la distance » qui le sépare de son adversaire et l’invite à venir recevoir une « correction méritée » sur la place du Diamant. Plus loin, il promet, s’il n’était retenu par son poste à Paris, de « lui marcher moralement sur la figure » avant de conclure par un martial « Vive Napoléon ! ». L’affaire fait grand bruit : le ton de voyou, la signature officielle et l’exaltation bonapartiste donnent à ce texte des allures de pastiche — que le Canard transforme aussitôt en chef-d’œuvre de dérision.

Sous le titre « M. Chiappe expédie à ses adversaires une nouvelle série de télégrammes », le journal s’amuse à prolonger la plaisanterie : il imagine une volée de missives incendiaires adressées non seulement à Bianconi, mais à Henri Jeanson, Édouard Herriot et même à ses propres collaborateurs, Jules Rivet et Pierre Scize. Tous reçoivent, dans la fiction du Canard, des lettres d’insulte rédigées sur le même ton belliqueux : menaces de coups de poing, promesses de « tirage de barbe » et d’« arrachement de bottes ». L’effet comique est irrésistible, mais la cible est sérieuse : un préfet de police qui se prend pour un chef de guerre, confondant service public et vendetta personnelle.

En page 2, le papier intitulé « Où l’affaire se corse » met à nu les racines du scandale. La querelle ne naît pas d’un simple malentendu : elle plonge dans les rivalités politiques de la Corse, dominée par deux clans ennemis, les Piétri et les Landry. Or Chiappe, Corse lui-même, est perçu comme un allié du ministre Piétri, au pouvoir. Lorsque Le Petit Bastiais, proche du camp adverse, laisse entendre que Chiappe aurait protégé le meurtrier du président Doumer, le préfet explose. Sa réponse – ce télégramme d’une vulgarité de caserne – révèle autant son tempérament que le pourrissement d’un système : la collusion entre l’administration, les notables et les journaux d’influence. Le Canard s’en amuse, mais derrière la satire perce une inquiétude : quand le préfet devient justicier, la République se ridiculise.

André Dahl clôt la séquence avec un bijou d’ironie : « Les journaux ont déjà composé leurs articles d’adieux ». Tout est dit dès la première phrase : Chiappe est un homme fini. Dahl décrit avec un humour noir la mécanique de la presse parisienne qui, flairant la disgrâce, prépare à l’avance ses nécrologies. Chaque journal, selon son bord, y va de son couplet : Le Temps regrette « un grand Lorrain » (puisqu’il faut bien louer quelque chose), Paris-Soir promet la « dernière photographie », et L’Ami du Peuple gémit comme à un enterrement d’État. Au fil des pastiches, Dahl transforme la presse en orchestre funèbre — où les violons du conservatisme accompagnent la chute d’un préfet qui croyait incarner l’ordre.

Mais le sarcasme ne se limite pas à Chiappe : il vise la société qui l’a fabriqué. Depuis cinq ans, le préfet de police s’est imposé comme le bras armé de la droite nationaliste. Il avait réprimé les manifestations ouvrières, censuré la presse de gauche, et toléré les violences des ligues. Les monarchistes le vénéraient, les républicains le craignaient, et une partie du peuple l’adorait pour sa verve autoritaire. Sa chute, pour le Canard, a valeur d’exorcisme. Dahl résume en une formule cinglante : « En changeant quelques lettres de place, cela fait : Chien Jeappe ». La déformation du nom dit tout : derrière l’homme d’ordre se cachait une brute d’instinct.

Au-delà de la farce, cette édition du 25 mai 1932 marque la revanche du rire contre la peur. Le Canard, depuis des années muselé par la censure de Chiappe, se déchaîne avec un plaisir visible. Chaque trait d’humour, chaque faux télégramme est un acte de libération. Et si le journal s’emploie à enterrer le préfet avec tant de soin, c’est que sa chute symbolise bien plus que la disgrâce d’un fonctionnaire : elle annonce la fin d’une époque. Deux ans plus tard, en février 1934, lorsque Chiappe sera limogé par Daladier, son renvoi provoquera les émeutes des ligues d’extrême droite — prouvant que la bête n’était pas morte. En 1932, pourtant, Le Canard enchaîné avait déjà écrit son épitaphe.