N° 981 du Canard Enchaîné – 17 Avril 1935
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Bas les Masques – Jean Galtier-Boissière
Jean Galtier-Boissière critique avec sarcasme et verve la campagne de promotion des masques à gaz, révélant les intérêts économiques derrière la vente de ces dispositifs et l’hypocrisie des institutions qui les promeuvent. L’article commence par évoquer une émission de radio où un orateur, entre des morceaux de musique, alarme la population sur les dangers des attaques au gaz tout en recommandant vivement l’achat de masques à gaz. Galtier-Boissière se moque de ce marketing alarmiste, le comparant à un vendeur de foire incitant à acheter rapidement avant épuisement des stocks.
Les journaux comme Le Figaro consacrent des pages entières aux dangers des attaques aériennes et aux bienfaits des masques à gaz, tout en fournissant commodément les noms et adresses des fabricants. Galtier-Boissière souligne l’ironie et la collusion implicite entre les médias et les fabricants de masques, accusant les journaux de participer à une campagne de peur pour vendre ces produits. Le chroniqueur mentionne M. Rouillé d’Orfeuil qui, dans sa déclaration, évoque les 91 morts de Saint-Gervais en 1918 comme preuve de la menace. Galtier-Boissière corrige cette chronologie en rappelant que des civils allemands avaient déjà été victimes de bombardements français en 1916, insinuant que de telles déclarations peuvent falsifier l’histoire et favoriser une propagande intéressée.
Le général Pouderoux, ayant dirigé les pompiers de Paris, avait qualifié le commerce des masques à gaz d’escroquerie. En réponse, Le Figaro s’assure de placer son contenu sous l’autorité du général Duchêne, inspecteur général de la défense aérienne. Cette manœuvre vise à crédibiliser la promotion des masques, malgré les doutes sur leur efficacité réelle. Galtier-Boissière se moque des publicités vantant les avantages des masques, comme le fait qu’ils permettent aux ouvriers de travailler dans de meilleures conditions ou qu’ils sont disponibles en versions luxueuses reconnaissables, apportant une « sensation de sécurité absolue ». Il ridiculise également l’argument selon lequel des valises légères permettent de transporter les masques sans attirer les convoitises dangereuses.
L’auteur pose un dilemme au gouvernement :
– Si les masques sont inefficaces, pourquoi autoriser une telle publicité alarmiste ?
– Si les masques sont efficaces, pourquoi le gouvernement ne distribue-t-il pas des masques à tous les citoyens pour assurer leur sécurité ?
Galtier-Boissière conclut que cette situation crée une inégalité entre les riches, qui peuvent acheter des moyens de protection coûteux, et les pauvres, laissés sans défense en cas d’attaque. Il critique sévèrement cette disparité et l’indifférence du gouvernement envers les citoyens moins fortunés. Cet article dénonce avec mordant et humour les manœuvres commerciales et la complicité des médias et des autorités dans la vente des masques à gaz. Galtier-Boissière expose l’hypocrisie et l’injustice sociale, mettant en lumière les intérêts financiers et les stratégies de manipulation de l’opinion publique.
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