N° 1033 du Canard Enchaîné – 15 Avril 1936
N° 1033 du Canard Enchaîné – 15 Avril 1936
59,00 €
En stock
Ils commencent à avoir peur… – Jean Galtier-Boissière, dans cet article publié le 15 avril 1936, met en lumière les manœuvres des magnats de l’industrie lourde française face aux critiques croissantes de la presse indépendante et de la population.
L’article débute par une anecdote où les magnats de l’industrie, en réunion, expriment leur frustration face à un journaliste incorruptible qui continue de les critiquer malgré toutes les tentatives de corruption. Cette incapacité à acheter le silence de certains journalistes marque un tournant dans leur stratégie.
Traditionnellement, les magnats de l’industrie lourde optaient pour le silence face aux attaques de la presse indépendante. Ils estimaient que répondre à ces attaques risquait d’informer le grand public des critiques dont ils faisaient l’objet, ce qui aurait pu pousser certains lecteurs de la presse mainstream à chercher la vérité dans la presse adverse. Le silence leur semblait ainsi préférable.
Cependant, un événement imprévu les a forcés à changer de tactique. Le 2 mars 1936, à la Chambre, le député Salette demanda au ministre des Finances les chiffres des exportations de minerai de fer vers l’Allemagne par les propriétaires des mines lorraines. Les chiffres dévoilés étaient accablants, montrant une augmentation dramatique des exportations de minerai de fer vers l’Allemagne, particulièrement en 1935, année du réarmement intensif du Reich.
– 1932 : 7 116 599 quintaux métriques
– 1933 : 11 566 202 quintaux métriques
– 1934 : 17 060 916 quintaux métriques
– 1935 : 58 616 111 quintaux métriques
Face à ces révélations, les magnats de l’industrie lourde, pour la première fois, ont dû se défendre publiquement. Ils ont allégué que le minerai de fer lorrain était de mauvaise qualité et ne pouvait être utilisé pour des fabrications de guerre, ce qui est faux. En réalité, ce minerai est couramment utilisé pour fabriquer des obus, des plaques blindées et autres matériels militaires. De plus, l’histoire récente montrait que le minerai extrait des mines de la famille Wendel, même pendant la Première Guerre mondiale, était utilisé par les Allemands pour des fabrications guerrières.
Les magnats ont échoué dans leur tentative de justification, mais le fait qu’ils aient ressenti le besoin de se défendre est révélateur. Ils se sentent menacés par l’opinion publique qui, malgré les tentatives de diversion, commence à comprendre l’ampleur de la trahison des magnats de l’industrie, qui ont non seulement saboté le désarmement français mais ont aussi contribué au réarmement de l’Allemagne d’Hitler.
Galtier-Boissière conclut en dénonçant la stratégie des magnats de l’industrie qui cherchent à détourner la colère populaire en jouant sur le patriotisme et la peur du danger extérieur. Il appelle à ne plus se laisser berner par ces « traîtres » qui ont compris que le peuple commence à saisir l’étendue de leur trahison et de leur exploitation des ressources nationales pour des profits scandaleux.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock





