N° 1036 du Canard Enchaîné – 6 Mai 1936
N° 1036 du Canard Enchaîné – 6 Mai 1936
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La Grande Presse et les Élections – Dans un article publié le 6 mai 1936, Jean Galtier-Boissière analyse le paradoxe apparent entre la forte influence supposée de la grande presse parisienne et son incapacité à orienter les résultats électoraux en faveur de la droite. Malgré la domination de journaux conservateurs dans le paysage médiatique, les électeurs parisiens ont majoritairement soutenu le Front populaire et même les communistes.
Galtier-Boissière souligne que les grands journaux, censés être des sources d’information impartiale, déforment souvent les faits pour servir les intérêts des puissantes congrégations économiques et des fameuses « 200 familles ». Cette manipulation éhontée de l’information explique en grande partie pourquoi ces journaux n’influencent plus autant l’orientation politique des masses.
L’auteur donne plusieurs exemples de fausses nouvelles diffusées par la presse de droite :
1. Le Petit Parisien (P.P.) est particulièrement critiqué pour ses fausses nouvelles sensationnalistes, comme le faux document diplomatique allemand ou le soi-disant plan révolutionnaire trouvé à Toulon, qui s’est avéré être un grossier faux.
2. Les récits exagérés sur la situation en Espagne, où le P.P. décrivait quotidiennement des scènes d’églises incendiées et de violences révolutionnaires, en contraste avec les rapports plus calmes provenant de sources espagnoles fiables.
3. L’interview imaginaire de Bela Kun par Maurice Prax, qui prétendait avoir rencontré le bolchevik à Barcelone alors qu’il se trouvait à Moscou.
Malgré ces mensonges répétés, les lecteurs des grands journaux semblent étrangement tolérants, continuant à les lire même en étant conscients de leur manque de fiabilité. Galtier-Boissière propose plusieurs explications pour cette apparente longanimité :
1. L’habitude : Les lecteurs sont habitués à la présentation et à la mise en page de leur journal et trouvent paresseux de changer.
2. La généralisation du mensonge : Les lecteurs pensent que tous les grands journaux sont également mensongers et qu’il n’existe pas de journal de « pure information ».
3. Les rubriques non politiques : Les grands journaux offrent des rubriques comme les courses, les sports, les mots croisés, et d’autres sections attrayantes et indépendantes de la politique, qui retiennent les lecteurs.
L’article se termine sur une anecdote illustrant l’importance des rubriques populaires dans les journaux. Un ancien chroniqueur militaire devenu rédacteur en chef est refusé pour la rubrique des pronostics des courses, car, malgré sa notoriété, cette rubrique est jugée « sérieuse » et de grande importance pour les lecteurs.
Galtier-Boissière dépeint une image d’une presse parisienne déconnectée de ses lecteurs en termes de fiabilité de l’information, mais toujours influente grâce à ses rubriques divertissantes et informatives. Ce décalage entre la propagande politique et les attentes des lecteurs explique en partie le manque d’influence de la grande presse sur les résultats électoraux.
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