N° 1039 du Canard Enchaîné – 27 Mai 1936
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La Nouvelle Émigration – Jean Galtier-Boissière, dans un article du 27 mai 1936, fait un parallèle saisissant entre les émigrés aristocrates de la Révolution française de 1789 et les émigrés économiques de 1936. Il examine comment l’histoire se répète, alors que les élites économiques d’aujourd’hui fuient le pays pour protéger leurs richesses face aux réformes promises par le Front populaire.
Au XVIIIe siècle, la noblesse jouissait de privilèges disproportionnés par rapport aux services qu’elle rendait autrefois. À l’époque médiévale, les seigneurs féodaux offraient une protection militaire aux populations locales en échange de redevances. Cependant, à la fin du XVIIIe siècle, ces services n’étaient plus rendus, et les privilèges persistants étaient perçus comme des escroqueries par un peuple éclairé par les philosophes de l’Encyclopédie.
Quand la Révolution française éclata, de nombreux aristocrates émigrèrent, incapables d’emporter leur fortune, souvent immobilisée dans des terres et des châteaux. À l’étranger, certains durent accepter des métiers humbles ou même servir dans les armées ennemies.
Au XIXe siècle, la haute bourgeoisie remplaça la noblesse comme classe dominante, jouant un rôle crucial dans le développement industriel de la France. Toutefois, au fil du temps, leurs privilèges devinrent également exorbitants, et une nouvelle féodalité industrielle et bancaire émergea, exploitant le consommateur moyen.
Le public français accepte que des talents exceptionnels soient bien rémunérés, mais il trouve inadmissible que des individus comme certains marchands de canons accumulent des richesses énormes sans contribuer équitablement à l’économie. Les élites économiques, les « 200 familles », refusèrent de réformer le système économique, préférant protéger leurs fortunes.
Face aux victoires électorales du Front populaire et aux promesses de réformes démocratiques, les magnats de l’industrie et de la finance commencent à émigrer, mais cette fois avec une stratégie plus astucieuse que celle des aristocrates de 1789. Ils transfèrent discrètement leurs fortunes à l’étranger, utilisant des moyens sûrs comme les banques suisses et anglaises. Cette fuite des capitaux est perçue comme une trahison économique par Galtier-Boissière.
Galtier-Boissière propose deux mesures pour stopper cette évasion de capitaux :
1. **Publicité des Délinquants Économiques** : Publier les noms des émigrés économiques sur des affiches et dans la presse, les exposant ainsi au pilori public.
2. **Confiscation des Biens** : Confisquer tous les biens en France des émigrés économiques.
Il estime que ces mesures, bien que simples, seraient dissuasives et efficaces pour empêcher la fuite des capitaux et protéger l’économie nationale.
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