N° 1460 du Canard Enchaîné – 13 Octobre 1948
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LA COURSE AU BIFTECK ou : la journée d’une ménagère volante – L’article de Roger Salardenne dans « Le Canard Enchaîné » du 13 octobre 1948 offre une satire acerbe de la situation alimentaire en France à l’époque, en particulier la difficulté croissante de se procurer des provisions. Utilisant l’humour et l’ironie, Salardenne dépeint une journée typique d’une ménagère parisienne, Mme Bouiche, qui passe son temps à courir d’un bout à l’autre de la ville pour acheter de la nourriture.
La première couche de satire se trouve dans l’idée même des « boucheries volantes » et autres commerces aériens, une exagération évidente de la réalité qui met en lumière l’absurdité de la situation. Le terme « volant » joue ici un double rôle, à la fois littéral et figuratif, pour souligner l’instabilité et l’imprévisibilité de l’approvisionnement en biens de consommation. Les descriptions minutieuses des horaires et des déplacements frénétiques de Mme Bouiche illustrent le désespoir et la frustration des ménagères face à cette logistique absurde.
En suivant Mme Bouiche tout au long de sa journée, l’article critique également la bureaucratie et l’inefficacité des solutions proposées par le gouvernement. La juxtaposition des scènes de course effrénée avec les noms des lieux et les horaires précis accentue le caractère kafkaïen de la situation. Cette critique est amplifiée par l’absurdité des détails, comme les « marchands de forteresses volantes » et l’idée de « faire appel aux marchands de tapis volants ».
L’article touche aussi à la fatigue et à l’épuisement des ménagères, qui doivent déployer une énergie considérable simplement pour nourrir leur famille. Salardenne utilise l’humour noir pour souligner cette réalité, en décrivant Mme Bouiche comme « fourbue, harassée » à la fin de la journée, n’ayant pas eu le temps de déjeuner. Cette description vise à susciter l’empathie tout en critiquant le système qui impose un tel fardeau.
Enfin, la mention d’Air France proposant des hélicoptères pour les courses des ménagères est une parodie claire des solutions technocratiques souvent proposées pour des problèmes profondément enracinés. Cela souligne le décalage entre les solutions élaborées par ceux au pouvoir et les réalités quotidiennes des citoyens ordinaires.
En somme, cet article de Roger Salardenne est une critique brillante et humoristique de la situation alimentaire post-guerre en France, utilisant la satire pour mettre en lumière les défis absurdes auxquels les ménagères étaient confrontées. Par le biais de l’exagération et de l’ironie, Salardenne appelle à une prise de conscience et, implicitement, à des solutions plus pratiques et humaines.
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