N° 1548 du Canard Enchaîné – 21 Juin 1950
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Une bonne combine : le trafic des piastres
À propos de la disparition tragique de notre jeune confrère et ami François-Jean Armorin et de ses démêlés avec les trafiquants de Saïgon, qu’il voulait démasquer dans un reportage, on reparle de l’affaire des piastres.
Cette affaire éclata en janvier dernier, à la suite d’une enquête policière. Puis on n’en parla plus. Puis on en reparla sous la forme d’un rapport Mariani remis en partie – en partie seulement – à la commission d’enquête.
Puis de nouveau silence. Enfin, une note du général Revers, transmise à la commission, faillit faire rebondir cette ténébreuse affaire. Revers citait des noms, dévoilait les chaînes par lesquelles s’opère ce trafic.
Mais le silence retomba une fois encore sur ce scandale. Le ministère des Finances, pressé de donner des précisions, se déroba.
Parce que, figurez-vous, l’opération est parfaitement légale. Il s’agit simplement, si l’on ne veut pas avoir d’histoires, d’opérer selon un certain nombre de règles dont la connaissance est à la portée de tous les cerveaux et de toutes les bourses.
Ça vous en bouche une surface, hein ? c’est pourtant comme ça.
— Mais, direz-vous encore, il y a bien quelqu’un qui paye la différence ?
Évidemment bien sûr. Et ce quelqu’un, vous l’avez déjà repéré. C’est le P.C.D.F., ce pauvre c… de contribuable français qui doit, chaque année, boucher le trou de 150 milliards creusé dans le budget par cette petite combine.
150 milliards qui, ça va de soi, ne sont pas perdus pour tout le monde.
Bref, voilà qui met fin à la légende selon laquelle l’Indochine ne nous sert à rien.
C’est au contraire, on le voit, une magnifique vache à lait qu’il faudrait être fou pour abandonner, comme le suggèrent de pauvres inconscients.
Cet article de R. Tréno, publié dans Le Canard enchaîné du 21 juin 1950, traite du scandale lié au trafic des piastres en Indochine. Il revient sur les tentatives avortées de révéler ce scandale, notamment via la disparition tragique du journaliste François-Jean Armorin. Tréno met en lumière les rouages de ce trafic, impliquant la participation passive et parfois volontaire des autorités françaises, tout en exposant l’inaction du ministère des Finances et les silences politiques autour de ce sujet.
L’ironie est omniprésente dans l’article, surtout lorsqu’il évoque la « légalité » du trafic et son impact sur les contribuables français. La conclusion sarcastique de l’article souligne que l’Indochine, loin d’être une charge financière, est décrite comme une « vache à lait » pour certains, illustrant comment ce conflit colonial est exploité à des fins lucratives.
Cet article est une dénonciation cinglante des mécanismes économiques et politiques de la colonisation, tout en soulignant l’impunité qui règne autour de ces opérations frauduleuses. Tréno se moque des tentatives de dissimulation du scandale et de la manipulation du discours officiel, tout en pointant les profits colossaux générés par ce système pour quelques-uns au détriment de la majorité.
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