Cet article du Canard Enchaîné du 11 avril 1951, intitulé « Au conseil des ministres, M. Auriol rend compte de son voyage », nous plonge dans une parodie hilarante du retour du président Vincent Auriol après un séjour à l’étranger. À son arrivée au Conseil des ministres, Auriol fait une entrée tonitruante, manquant de peu d’assommer Georges Bidault, et enchaîne avec des phrases en anglais improvisé. Son « My dear Quoi… Ah ! I am very happy of… » est une caricature évidente du ridicule des leaders qui, de retour de voyage, se prennent pour des experts linguistiques et culturels. Le Canard se moque de l’orgueil que peut générer un séjour à l’étranger, ici particulièrement avec le pseudo-anglais d’Auriol.

L’humour réside aussi dans les interruptions constantes et l’incapacité d’Auriol à raconter son voyage. Entre l’histoire de son « chapeau » et une rasade de whisky avant de parler d’un sénateur fantaisiste, Auriol n’arrive pas à s’exprimer sérieusement. La scène devient un joyeux bazar où chaque ministre tente de placer une phrase, mais l’attention revient toujours au président.

L’article se moque aussi de l’autoritarisme latent du président qui, de retour à l’Élysée, veut tout moderniser, installer des dictaphones partout, et donner des leçons à son entourage, comme s’il était soudain devenu un expert en organisation après son séjour.

En somme, cet article est une satire décapante de l’ego présidentiel et des ambitions vaines des hommes politiques, servie par un humour pétillant et des dialogues irrésistibles.