L’article « Cette farce dont nous sommes les dindons… », signé par R. Tréno et publié dans Le Canard enchaîné du 10 octobre 1951, est une critique satirique des événements politiques internationaux et nationaux, mettant en lumière l’absurdité des jeux de pouvoir et la passivité des populations face aux décisions des élites.

Tréno s’attaque d’abord à la situation internationale, en évoquant l’escalade nucléaire et les négociations d’armistice en Corée. L’auteur compare ces événements à une pièce de théâtre de Feydeau, soulignant leur caractère burlesque et incohérent. L’explosion d’une bombe atomique, censée être un geste de paix, devient le symbole de l’absurdité des discours officiels. Il raille les échanges entre Staline et Truman, illustrant l’hypocrisie des puissances mondiales qui prêchent la paix tout en pratiquant l’intimidation nucléaire.

Sur le plan national, Tréno pointe du doigt la figure de Mossadegh, qu’il décrit avec ironie comme un homme d’État versant des larmes abondantes à la fin de chaque discours. Ce portrait caricatural reflète l’incapacité des dirigeants à offrir des solutions concrètes, préférant des spectacles émotionnels qui ne masquent pas leur impuissance.

L’ensemble de l’article repose sur une métaphore théâtrale, où les acteurs politiques jouent des rôles absurdes dans une farce mondiale. Les références à Feydeau et à la pièce Le Dindon renforcent l’idée que les citoyens, représentés ici comme les « dindons », sont les victimes passives d’un système où tout est décidé sans eux. Cette perspective met en lumière l’indifférence générale face à des événements qui devraient pourtant susciter indignation et action.

Avec un ton mordant et des jeux de mots subtils, Tréno réussit à dénoncer l’inaction et l’hypocrisie des dirigeants tout en soulignant la résignation des populations. Sa plume acerbe transforme des événements graves en scènes comiques, incitant le lecteur à réfléchir sur la réalité qu’il décrit.

« Cette farce dont nous sommes les dindons… » est une satire efficace qui dénonce les absurdités de la politique internationale et nationale. Tréno invite ses lecteurs à ne pas se contenter d’être des spectateurs passifs, mais à prendre conscience du rôle qu’ils jouent dans cette « farce ».