Dans l’article intitulé « Un cabinet qui a de la défense », publié dans Le Canard enchaîné du 30 janvier 1952, R. Tréno dresse une critique acerbe et ironique du gouvernement dirigé par Edgar Faure. L’auteur s’attarde sur la composition et les déclarations de ce cabinet, tout en pointant du doigt des contradictions et des absurdités dans la gestion des affaires nationales et internationales.

Tréno commence par souligner que, sur quarante membres, le gouvernement compte dix avocats. Cette observation est le prétexte d’une moquerie envers Edgar Faure, présenté comme un habile avocat capable de plaider aussi bien le pour que le contre, une qualité détournée ici pour dénoncer son manque de conviction politique. Ce trait, selon l’auteur, est particulièrement visible dans l’affaire tunisienne, où Faure oscille entre fermeté et conciliation, sous les applaudissements hypocrites de tous les camps.

L’ironie atteint son paroxysme lorsque Tréno imagine des extraits de discours attribués à Edgar Faure, où chaque phrase est ponctuée de réactions simulées de l’Assemblée : « Vifs applaudissements à droite » ou « à gauche », selon le message qu’il veut faire passer. Cette caricature souligne l’opportunisme et le jeu d’équilibriste du gouvernement, toujours prêt à satisfaire tous les camps tout en évitant de prendre une position claire.

En abordant des questions telles que l’ »échelle mobile » pour contrer l’inflation ou le projet d’une armée européenne, Tréno montre comment des sujets complexes sont réduits à des slogans ou des mesures mal définies. L’armée européenne est ainsi évoquée avec un enthousiasme forcé, malgré les tensions et incohérences qui entourent ce projet.

L’article, fidèle à l’esprit du Canard enchaîné, mélange humour, sarcasme et critique politique pour souligner l’inefficacité et la théâtralité du gouvernement Faure. Tréno dépeint une classe politique plus préoccupée par l’art de la rhétorique que par la résolution des problèmes réels, illustrant une désillusion envers les dirigeants de l’époque.