Cet article, intitulé « L’homme du “Ridère” » et signé par Morvan Lebesque, est un portrait ironique et satirique de l’idéal-type de l’Américain moyen tel qu’il est présenté à travers les pages du Reader’s Digest, ici surnommé « le Ridère ». Lebesque décortique, avec son style inimitable et caustique, l’iconographie de cette publication largement diffusée, qu’il considère comme un « Coca-Cola de la littérature ».

L’auteur explore la fabrication d’un modèle de citoyen universel et standardisé, baptisé « l’Homme du Ridère ». Ce personnage est présenté comme un parangon de vertu chrétienne, un « héros de notre temps » qui cumule des traits lisses, rassurants et idéalisés : bon père de famille, pieux, patriote et en même temps témoin et acteur des petites épopées du quotidien. En ridiculisant ce « héros en manches de chemise et en pantoufles », Lebesque met en lumière l’absurdité d’un tel modèle et l’hypocrisie inhérente à ces récits condensés qui masquent les réalités plus complexes.

L’ironie mordante traverse tout le texte : le ton est à la fois moqueur et désabusé. Les descriptions de la vie de cet « Homme du Ridère » frôlent le grotesque : des anecdotes tirées par les cheveux sur sa vie sentimentale, ses prouesses personnelles et ses interactions communautaires. L’auteur y voit un symbole de conformisme américain exporté jusque sur les rives françaises, incarnant une vision simpliste et édulcorée de la réalité.

La conclusion de Lebesque est savoureuse : il exprime sa stupéfaction devant cette vision romancée et artificielle de l’humanité, et compare cette lecture à un spectacle voyeuriste, où le lecteur assiste à la « cuisson morale » de ces figures idéalisées. Avec un humour noir et des formules percutantes, l’article ne cache pas son dédain pour cet artifice culturel et propose une réflexion plus large sur les images imposées par les médias populaires de l’époque.