N° 1663 du Canard Enchaîné – 3 Septembre 1952
N° 1663 du Canard Enchaîné – 3 Septembre 1952
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Complainte de la Vache Aphteuse de Morvan Lebesque, publié dans Le Canard enchaîné le 3 septembre 1952.
Sous un titre à l’humour grinçant, Morvan Lebesque s’attarde sur les récents déboires du monde paysan français à travers la figure allégorique de Jacques Bonhomme, archétype du cultivateur français. Par un ton faussement laudatif et des références bibliques teintées d’ironie, il dresse un tableau tragi-comique des catastrophes agricoles, en particulier l’épidémie de fièvre aphteuse ayant frappé le cheptel bovin.
Jacques Bonhomme est présenté comme le pilier des vertus françaises, gardien de traditions ancestrales, indispensable pour nourrir la nation. Mais cet hommage apparent dissimule une critique implicite de la mise en scène politique et médiatique autour des enjeux agricoles. En exaltant le rôle du paysan, Lebesque s’attaque à l’aveuglement collectif et à la sacralisation d’un modèle rural dépassé.
Avec un sarcasme appuyé, l’auteur relativise l’impact de la fièvre aphteuse. Les « 18 000 vaches crevées » sur un cheptel de 16 millions deviennent pour lui une anecdote, une perte négligeable face aux drames humains. Par ce biais, il pointe les priorités biaisées d’une société plus prompte à pleurer ses bêtes qu’à s’indigner pour des causes plus graves.
En invoquant l’image biblique d’un prophète — ici Antoine Pinay, président du Conseil — et des « Seraphins ministériels », il tourne en dérision les réponses officielles et leur tendance à dramatiser ou à mystifier des événements pour mieux les instrumentaliser.
Lebesque termine en dénonçant une forme d’idolâtrie absurde : la Vache Aphteuse élevée au rang d’un veau d’or moderne, symbole d’une agriculture en crise mais surtout d’une société qui se complaît dans la lamentation.
L’article brille par son usage de figures de style : hyperboles, allusions religieuses et ironie mordante rythment un texte incisif, qui invite à dépasser l’émotion superficielle pour interroger les vrais enjeux. Lebesque, fidèle à sa plume acerbe, nous laisse avec une réflexion amère sur le décalage entre les priorités proclamées et les besoins réels d’une nation en pleine mutation.
Un article où l’humour côtoie la critique sociale, fidèle à l’esprit du Canard enchaîné.
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