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N° 1697 du Canard Enchaîné – 29 Avril 1953

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 Allez, Georges Brassens !

Dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953, René Fallet signe l’un des premiers portraits publics de Georges Brassens — un texte décisif qui révèle au pays un inconnu mal peigné des Trois-Baudets. Fallet reconnaît en lui un poète dangereux : timide, sauvage, censuré par la radio, mais armé d’une langue libre et d’une guitare qui sonne comme un coup de poing. Entre humour, tendresse et avertissement, l’article intronise un artiste réfractaire appelé à devenir l’une des grandes voix françaises. Ce jour-là, Brassens commence vraiment.

 

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René Fallet intronise Georges Brassens : un bûcheron timide, armé d’une guitare comme d’une fronde

Dans le Paris de 1953, un certain inconnu débarque rue des Trois-Baudets

Lorsque René Fallet signe « Allez, Georges Brassens ! » en page 4 du Canard enchaîné du 29 avril 1953, il ne fait pas qu’un portrait de débutant : il propulse, sans le savoir, un chanteur encore obscur vers la postérité. Brassens n’a pas encore enregistré son premier album. Il gratte sur la scène des Trois-Baudets, le cabaret-matrice où s’épanouissent les talents bruts — Mouloudji, Béart, Pia Colombo. Il est timide, mal dégrossi, farouche, un ours mal léché qui brandit sa guitare “comme l’on secoue des grilles de prison”.

Fallet reconnaît immédiatement ce mélange magique de gaucherie physique et de violence maîtrisée des mots : un chanteur qui ne chante pas, mais qui dit ; une voix “qui cogne sous le soleil”, une allure de bagnard en cavale, un souffle d’insoumission. On n’a encore rien entendu, mais déjà, tout y est.

Brassens, le Canard et l’art d’accueillir les réfractaires

Le texte débute par une comparaison qui annonce le ton : Brassens “ressemble tout à la fois à défunt Staline, à Orson Welles, à un bûcheron calabrais, à un Wisigoth et à une paire de moustaches”. Ce n’est pas moquerie, mais reconnaissance instinctive. Le Canard est coutumier des marginaux magnifiques, et Brassens entre chez lui comme un parent naturel : “Si le Canard ne le saluait pas, ne serait plus le Canard.”

L’époque n’est pourtant pas tendre pour les fortes têtes. La France sort à peine de la Libération, s’enlise en Indochine, se fracture dans les débuts de la IVe République. Les artistes jugés trop insolents ou trop crus sont censurés par la radio — précisément ce qui arrive à Brassens. Trois quarts de son répertoire sont interdits d’antenne, dit Fallet. C’est vrai : Le Gorille, La Mauvaise Réputation, Les Amoureux des bancs publics subissent les raids pudibonds des “ménagères de Brive-la-Gaillarde”.

Brassens est un fauteur de trouble, un empêcheur de moraliser en rond. Fallet, qui connaît comme personne l’irrévérence juste, voit en lui un frère d’arme.

L’art d’être libre : un risque en 1953

En 1953, chanter “La mauvaise réputation”, c’est poser une bombe dans un monde crispé qui punit la dissidence à coups de silence et de quolibets. Brassens ne crie pas ; il murmure, il martèle à voix basse, mais il renverse les idoles : l’armée, la morale, la police, les notables, la religion. Il chante “contre tous”, mais sans haine. Là réside son génie.

Fallet le dit avec une lucidité tranchante :

« Sans la moindre (et des plus belles) rancœur, il est (et sera peut-être heureux) garantie du gouvernement. »

Comprendre : Brassens est un antimilitariste, un libertaire, un insoumis — mais incapable de devenir un professionnel de la haine. Il ne sert aucun camp, aucun parti. Il chante le droit de vivre, de boire, d’aimer, de rire. Il méprise la respectabilité comme une vieille grimace.

Dans le climat de propagande bicéphale de la guerre froide, ce type d’indépendance est une anomalie vivante. Le Canard adore.

Un portrait écrit au couteau, où la tendresse perce sous la farce

Fallet alterne moqueries, éloges et avertissements. Il rappelle que “ses fureurs”, pour timides qu’elles soient, ont déjà valu à Brassens d’être privé d’antenne. Il raconte son plaisir de l’avoir écouté “le jour au travers de mon microsillon” : une image qui traduit l’étrange intimité de la découverte d’un artiste qui semble chanter pour une seule personne.

Puis viennent les citations : Fallet pioche directement dans les textes du jeune Brassens, signe qu’il le considère déjà comme un auteur — pas seulement comme un chanteur. “Le Gorille”, “La Mauvaise réputation” sont mentionnés, mais surtout cette phrase :

« Les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. »

Fallet n'aurait pas mieux résumé Brassens.

Et déjà, le danger : un libertaire face à la récupération

L’un des passages les plus forts du texte est celui où Fallet met en garde Brassens lui-même : “Cet homme est dangereux. C’est un poète, un drôle de cimetière pour les roucoulers. En avoir ou pas ! Il a choisi.”

Le mot “dangereux” est essentiel : dangereux pour les moralistes, pour les institutions, pour les habitués de la tiédeur. Brassens n’est pas un amuseur, mais un dynamiteur tranquille. Fallet perçoit tout : le talent, la liberté, l’impossibilité de marchandiser un type pareil.

Il lui donne sa bénédiction de contrebandier littéraire.

1953 : Brassens commence

On peut considérer cet article comme son premier article de consécration. Il donne un visage, une voix, un statut à un chanteur encore sans micros, sans orchestre, sans gloire. Fallet est le premier à écrire publiquement : “Allez, Georges Brassens !”
Et la France, bientôt, suivra.

 

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