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N° 1710 du Canard Enchaîné – 29 Juillet 1953

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Têtes de lard ou : l’art du test

Dans sa une du 29 juillet 1953, Yvan Audouard détourne les congrès de psychotechnique pour en faire une radiographie féroce de la France de la IVe République. “Tests” du coup de pied, de la gifle, de l’enveloppe ou de la couleuvre : chaque épreuve révèle les vraies aptitudes nécessaires pour réussir dans les métiers de l’époque — duplicité, soumission, rouerie, absence totale de scrupules. Sous le comique, une charge redoutable contre une société où la corruption nourrit les carrières et où la politique exige d’avaler plus de couleuvres qu’un python de laboratoire. Une satire d’une justesse décapante.

 

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Yvan Audouard et “l’art du test” : quand la psychotechnique devient le miroir déformant de la société française

1953 : la France découvre la psychotechnique… et Audouard s’en empare

Lundi 27 juillet 1953 s’est ouvert au Conservatoire des Arts et Métiers le XIᵉ Congrès international de psychotechnique, discipline alors en plein essor. On y rêve de sélectionner les individus grâce à des tests mathématiques, d’anticiper les carrières, de détecter les aptitudes comme on pèse du bétail.
Dans un pays qui sort à peine du rationnement, qui perd la guerre d’Indochine et qui s’enfonce dans les crises ministérielles, cette volonté de “mesurer l’homme” relève autant de la modernité administrative que de l’illusion scientiste.

Yvan Audouard, fidèle à son humour à bec recourbé, n’allait évidemment pas laisser passer une occasion pareille : il transforme ce congrès en une gigantesque farce anthropométrique.

Le Canard met son grain de sel : des “tests” pour une société malade

Le texte commence par l’annonce solennelle : le *Canard* est “heureux d’apporter sa modeste collaboration” à cette science nouvelle. C’est naturellement un piège. La “collaboration” consiste à proposer de faux tests psychotechniques, qui n’ont rien de scientifique mais tout de politique et de sociologie satirique.

Dès les premières lignes, Audouard pose son diagnostic sur la population française :

goût pour la grasse matinée,
besoin d’argent de poche,
dégoût profond des efforts physiques.

Bref : le Français moyen de 1953, épuisé par deux guerres, les tickets de rationnement prolongés jusqu’en 1949, et une IVe République qui pédale dans la semoule, préfère naturellement les carrières “libérales”… celles où l’on parle beaucoup et où l’on sue peu.

Le “test du coup de pied au cul” : une fable de la hiérarchie parisienne

Audouard propose le premier test : le “test du coup de pied au cul”. Il s’agit de mesurer le “self-control” des candidats.
Le sujet idéal — celui promis à une brillante carrière dans les administrations parisiennes — encaisse l’humiliation sans broncher.
Au troisième coup, il peut “manifester quelque agacement”.
Au sixième, il peut “faire des mots”.

Ce test, évidemment absurde, décrit pourtant très exactement l’une des conditions de survie dans la haute fonction publique : supporter les vexations avec le sourire, puis les transformer en bons mots, le vrai ciment des carrières sous la IVe République.

Test de la “paire de gifles” : la diplomatie selon Audouard

Variante du test précédent, la paire de gifles doit être reçue “en public, de préférence à un foyer de théâtre”, jusqu’à l’arrivée des photographes. Le mérite ne consiste plus à résister, mais à bien poser.
C’est la satire la plus directe de la vie parisienne : ministres, acteurs, journalistes, tous soumis à la punition rituelle de la presse — et tous condamnés à sourire devant les flashs.

Le “test de l’enveloppe” : corruption, quand tu nous tiens

L’un des moments les plus acérés du texte est le “test de l’enveloppe”. Il s’agit de glisser au candidat une enveloppe contenant une somme d’argent et d’observer sa réaction :

s’il la rend dignement, on le plaint : il ne fera jamais carrière ;
s’il l’accepte en rougissant, l’espoir demeure ;
s’il la glisse dans sa poche sans faire d’histoires, c’est un sujet d’élite ;
s’il l’ouvre, en compte les billets et demande : “Vous vous fichez de moi ?”, alors il est promis à “une carrière exceptionnelle”.

C’est toute la IVe République, corrompue, prête à exploser, qui défile dans cette scène de comédie.
Indochine saigne, l’Algérie bout, les gouvernements tombent, mais les dessous-de-table continuent d’assurer la promotion de quelques privilégiés.

Le test de la “couleuvre” : le talent essentiel des élites

Avaler des couleuvres “comme s’il s’agissait d’un plat de spaghettis” est, selon Audouard, une condition indispensable aux métiers “où il faut avoir de l’estomac”.
Il cite la presse et la magistrature — deux milieux où, dit-il, il faut une grande capacité à digérer l’injustice, le compromis, l’hypocrisie.

En quelques lignes, Audouard montre un pays où le courage civique s’efface devant la facilité de la soumission.

Le test de la “parole d’honneur” : promesses en trompe-l’œil

L’impétrant donne sa parole, puis la reprend, et ainsi de suite.
C’est la définition même des engagements politiques sous la IVe République : pactes électoraux, alliances d’un soir, promesses jamais tenues. Audouard s’attaque ici au cœur du système : la volatilité des engagements, symbole d’une République à bout de souffle.

“Ôte-toi de là que je m’y mette” : la morale d’Audouard

Le dernier test, plus profond qu’il n’y paraît, pose un dilemme moral : comment réagir quand un ami occupe la place que l’on désire ?
Audouard n’accorde de valeur qu’à deux attitudes :

la sournoiserie la plus vile (peaux de bananes, crocs-en-jambe, lettres anonymes),
ou la loyauté suicidaire (se jeter sur les mitraillettes pour défendre l’ami).

Entre les deux, rien.
Parce qu’entre les deux — dans la France de 1953 — il n’y a plus de vertu possible.

Conclusion : la satire comme radiographie nationale

En feignant de participer au Congrès de psychotechnique, Audouard dévoile la psychotechnique réelle : celle d’une société où la duplicité, l’artifice, la lâcheté, la docilité, l’appétit de rente et l’absence de scrupules composent le vrai “profil idéal”.

Il conclut en désignant les carrières les plus adaptées à ces qualités :
police, barreau, prostitution, ou vol à main armée.
Et, pour le sujet parfait, celui qui réussit tous les tests :

“la carrière politique, qui réclame le plus de talents de société.”

C’est toute la IVe République qui se trouve ici mise à nu : un régime qui exige de ses serviteurs non pas du courage, mais de la rouerie.

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Dans la pagode de la paix, tous bonzes amis ! - Armistice en Corée - Le tour est dans le sac... Vive le maillot jaune ! ... mais où sont les cocus ? - Louison Bobet 

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