N° 1805 du Canard Enchaîné – 25 Mai 1955
N° 1805 du Canard Enchaîné – 25 Mai 1955
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Dans son article « Le Canard à l’Aurès », publié dans Le Canard enchaîné du 25 mai 1955, Pierre Laroche brosse un tableau ironique et critique de la situation en Algérie, alors en pleine insurrection. Avec son style mordant, il dénonce les absurdités de la gestion française et les illusions d’un contrôle militaire face à une réalité complexe.
Laroche débute en pointant les contradictions d’une Algérie prétendument sous contrôle, où tout marche « au pas de course »… ou plutôt « au pas de chenilles », faisant référence à la présence massive de tanks. Il ironise sur l’idée que la situation ne serait qu’une « simple algarade », alors qu’elle s’accompagne d’actes de guerre et d’une escalade de répression. Le général Parlange, qui a obtenu les pleins pouvoirs pour « rétablir l’ordre », est tourné en dérision, tout comme les lois d’état d’urgence appliquées avec zèle dans une Algérie qui semble au bord du chaos.
Laroche évoque plusieurs incidents qui témoignent du climat délirant qui règne dans la région. Le juge de paix de Batna, par exemple, condamne de simples braconniers comme s’ils étaient de dangereux criminels, infligeant des amendes astronomiques à des hommes pris pour « les clefs de l’Aurès ». L’administration semble ainsi confondre justice et propagande militaire.
Autre anecdote : un garde-champêtre, attaqué par des insurgés, parvient à regagner la ville malgré ses blessures, héroïsme qui lui vaut une modeste récompense. Laroche souligne avec ironie cette disproportion entre les sacrifices des soldats et la reconnaissance officielle.
L’auteur note également l’apparition mystérieuse d’avions non identifiés, probablement britanniques ou américains, survolant la zone de conflit. Leur présence est perçue comme une surveillance discrète des puissances étrangères, notamment les États-Unis, qui commencent à critiquer les méthodes françaises en Algérie. Laroche en profite pour moquer l’idée que la France pourrait se « dégager » du front de l’O.T.A.N., insistant sur l’hypocrisie des discours officiels face à des opérations militaires devenues impossibles à cacher.
Enfin, l’article se conclut sur un regard acéré porté sur les illusions de la « paix froide ». Laroche prévient que cette guerre larvée, où l’ordre est maintenu à grand renfort de tanks et de répression, ne pourra que s’aggraver. Dans une formule sarcastique, il fait référence au ministre résident, Jacques Soustelle, et à la faillite de ses politiques. L’image d’un personnage abattu dans la caricature qui accompagne le texte renforce ce sentiment d’échec latent.
Avec son ton ironique et mordant, Laroche décrit une situation où l’état colonial tente désespérément de maintenir une façade d’ordre et de légitimité, alors même que la réalité sur le terrain échappe au contrôle. L’article, à travers ses anecdotes et son style incisif, pointe non seulement les absurdités de la répression, mais aussi les failles d’une France de plus en plus isolée face à une guerre qu’elle refuse de nommer.
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