N° 1812 du Canard Enchaîné – 13 Juillet 1955
N° 1812 du Canard Enchaîné – 13 Juillet 1955
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L’article « AUTODAFÉ – Quand M. Mauriac fait dérailler l’Express », signé par R. Tréno, publié dans Le Canard enchaîné du 13 juillet 1955, est un commentaire incisif et ironique sur l’intervention de l’écrivain et journaliste François Mauriac dans le contexte d’une controverse médiatique. Tréno s’attarde sur la prise de position de Mauriac, qui critique L’Express pour avoir fait la promotion du livre de Roger Peyrefitte, Les Clés de Saint-Pierre. Ce livre, jugé irrévérencieux envers l’Église catholique et le pape, suscite des tensions au sein des lecteurs et collaborateurs de L’Express.
L’article commence par une comparaison satirique entre des faux tableaux exposés dans un salon parisien et un prétendu « faux Mauriac ». Tréno joue sur cette notion pour souligner ce qu’il considère comme une trahison intellectuelle de Mauriac, qui aurait délaissé ses postures humanitaires pour une croisade moralisatrice. Ce « faux Mauriac », selon Tréno, brûle ce qu’il a longtemps défendu et se range désormais du côté des censeurs et du MRP, parti politique chrétien-démocrate.
Tréno souligne avec ironie que le « vrai » Mauriac, qu’il dépeint comme ayant la « mentalité d’un moine ligueur », n’aurait jamais réellement été l’apôtre des causes libérales qu’il prétendait défendre. Le journaliste du Canard écrit que ce Mauriac “vient d’y jeter un livre”, allusion métaphorique à une forme d’autodafé intellectuel.
François Mauriac publie une note dans L’Express pour dénoncer la publicité faite au livre de Peyrefitte. Cette « infamie », selon Mauriac, attaque le Saint-Père et les valeurs catholiques. L’auteur, dans un élan moralisateur, demande explicitement à L’Express de ne plus promouvoir ce livre. La rédaction cède à cette pression, annonçant qu’elle cessera toute publicité pour Les Clés de Saint-Pierre. Tréno souligne alors l’ironie : L’Express semble désormais suivre une ligne éditoriale proche de celle de l’Index, la liste historique des ouvrages interdits par l’Église.
Tréno ironise également sur le fait que L’Express pourrait difficilement se relever de ce « désaveu » et anticipe des tensions internes entre Mauriac et d’autres collaborateurs du journal.
Tréno revient sur le passé de Mauriac, évoquant ses prises de position ambiguës pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il pointe notamment sa collaboration avec des figures religieuses controversées comme Mgr Mayol de Lupé, un ancien aumônier militaire aux accointances pétainistes. Tréno établit un contraste entre l’humanisme proclamé de Mauriac et son appui à certaines institutions ecclésiastiques qu’il considère comme réactionnaires.
L’article s’achève sur une note cinglante : Tréno remercie Mauriac, qu’il surnomme sarcastiquement « M. Crapote », pour avoir révélé ses véritables couleurs. Il conclut que Mauriac est désormais « dans la place », sous-entendant qu’il s’est aligné sur les valeurs traditionalistes et conservatrices qu’il critiquait autrefois.
Le ton de l’article est acerbe, moqueur et implacablement critique. Tréno, fidèle à l’esprit du Canard enchaîné, utilise des traits d’humour, des jeux de mots et des références culturelles pour dépeindre Mauriac comme un homme ayant trahi ses idéaux humanistes pour une posture doctrinaire. La plume acérée et le sarcasme omniprésent révèlent une intention claire : démasquer ce qu’il perçoit comme l’hypocrisie de l’écrivain.
Cet article illustre le regard incisif du Canard enchaîné sur les tensions intellectuelles et politiques de l’époque. À travers une critique cinglante de François Mauriac, R. Tréno dénonce non seulement les contradictions de l’écrivain mais aussi les dérives de la presse, tiraillée entre liberté éditoriale et pressions idéologiques.
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