N° 1826 du Canard Enchaîné – 19 Octobre 1955
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Cet article intitulé « Les Demi-Soldes », signé par André Ribaud et publié dans Le Canard enchaîné du 19 octobre 1955, est une critique mordante et ironique des députés gaullistes élus lors des élections législatives de juin 1951. André Ribaud, fidèle à son style caustique, y décortique avec humour et cynisme le déclin de la force politique du RPF (Rassemblement du Peuple Français), mouvement fondé par Charles de Gaulle.
Ribaud commence par évoquer l’arrivée « au pas de charge » des députés RPF en 1951, décrivant leur démarche martiale et leur apparente rigueur : « regard vache et éperdu, le geste sec, l’abord distant, la démarche tricolore, le cœur au garde-à-vous ». Cette entrée théâtrale donne à voir une armée politique pleine d’ardeur, prête à en découdre avec les institutions.
La caricature de Jacques Chaban-Delmas en illustration renforce cette image : raquette à la main, symbole de l’athlétisme et du dynamisme revendiqué par les gaullistes, mais ici détourné pour souligner l’aspect vain de leur prétention à dominer la scène politique.
Ribaud ne manque pas de noter qu’à peine arrivés, ces « demi-soldes » ont vu leur moral s’effriter. Les députés RPF, comparés à des révolutionnaires sans envergure (« pas en peau de lapin »), perdent rapidement leur cohésion. L’opposition de principe qu’ils incarnent se délite face à la réalité du jeu parlementaire.
Le journaliste use d’un style truculent pour illustrer ce désordre : Bergasse, Dupont et Groussard sont raillés comme des meneurs impuissants, incapables de maintenir la discipline. Les accusations de « valeurs » mises en avant par le RPF, qui refusait de « stériliser » la patrie, apparaissent alors comme de vaines formules.
Ribaud décrit l’ère où ces députés « durs » et « purs », comme Barrackin et Pinay, prétendaient révolutionner la politique française, mais où « l’époque était à la baisse ». Le moral dans les rangs chute, les luttes internes s’intensifient, et l’image du RPF se dégrade. Cette phase marque, selon l’auteur, le début de la désintégration d’un empire gaulliste devenu « lambeaux désolés ».
L’article se clôt sur une critique acerbe du désordre qui règne au sein du RPF. Ribaud fustige les divisions internes et les manœuvres désespérées pour « se fabriquer une clientèle », accusant certains dirigeants comme Chaban-Delmas de machiavélisme maladroit et d’opportunisme. Les références à l’Exposition de Bruxelles et aux luttes pour des postes ministériels achèvent de peindre un tableau de confusion et de déclin.
Ribaud, avec son ironie mordante, décrit les gaullistes comme des pêcheurs en eaux troubles, incapables de maintenir leur grandeur initiale. La dernière image est claire : l’épopée politique du général de Gaulle, alors éloigné du pouvoir, est réduite à une bataille d’égos et de survie.
Par son style incisif et son humour grinçant, André Ribaud signe ici une chronique politique féroce, dénonçant les illusions et les contradictions du mouvement gaulliste après son ascension fulgurante. En s’appuyant sur des figures comme Chaban-Delmas, il dresse un portrait sans concession d’une opposition en déliquescence, tout en soulignant le caractère éphémère des triomphes politiques.
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