N° 1864 du Canard Enchaîné – 11 Juillet 1956
N° 1864 du Canard Enchaîné – 11 Juillet 1956
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L’article de Gabriel Macé, publié dans Le Canard Enchaîné du 11 juillet 1956, dresse un portrait ironique et cinglant de l’élan de « solidarité » orchestré par les autorités françaises dans le contexte de la guerre d’Algérie. Sous le titre « Le rappelé, cet alibi… », Macé met en lumière une série de gestes présentés comme des initiatives bienveillantes, mais qui masquent, selon lui, une réalité moins reluisante.
Le ton est donné dès l’ouverture : « On n’a pas été sans remarquer […] que l’appel à la solidarité se porte beaucoup en ce moment. » Macé liste avec une ironie mordante les protagonistes de cette vague de solidarité : René Coty, le président de la République, qui soutient une « Journée de solidarité du 14 Juillet » en faveur des soldats mobilisés en Algérie, relayé par Guy Mollet à la radio et le préfet de la Seine, Émile Pelletier. Ce dernier s’empresse de souligner que le Conseil municipal de Paris et le Conseil général de la Seine ont voté chacun un crédit de 50 millions en soutien aux militaires.
Macé s’attarde ensuite sur l’initiative de M. Ramadier, qui lance l’ »impôt de solidarité ». Cette mesure, s’appliquant aux automobilistes, aux buveurs d’apéritifs, et aux fumeurs, est censée bénéficier aux personnes âgées, « en plus des rappelés ». L’auteur cite un slogan repris par Le Figaro : « Boire un apéro de plus, c’est financer le Fonds vieillesse. » Ce qui inspire à Macé une tirade acerbe sur ces « petits plaisirs solidaires » : pourquoi ne pas ajouter, ironise-t-il, « Fumer plus de gauloises, c’est financer le coup de tabac d’Algérie. »
Gabriel Macé ne manque pas de pointer les déséquilibres de cet élan national. Il regrette que les appels à la solidarité ne soient jamais dirigés vers les industriels puissants comme MM. Boussac ou de Wendel. À ses yeux, les sacrifices demandés aux citoyens ordinaires semblent dérisoires face à l’ampleur des profits engrangés par certains secteurs économiques, qui restent intouchables.
L’article culmine dans une critique acerbe de la gestion de la guerre d’Algérie. Macé pose une question rhétorique et provocante : « Nos généreux gouvernants n’auraient-ils pas un beau geste de solidarité […] à effectuer en faisant un ‘cessez-le-feu’ en Algérie ? » Il souligne l’absurdité d’une solidarité qui repose sur l’effort individuel, tout en perpétuant un conflit sanglant.
Avec son style incisif, Macé révèle les contradictions des discours officiels et la manière dont des initiatives présentées comme altruistes servent en réalité à légitimer l’impôt ou à détourner l’attention des véritables enjeux. L’appel à la solidarité n’est ici qu’un écran de fumée pour cacher l’inaction face aux grandes inégalités et à la guerre en cours. Une leçon de journalisme satirique qui résonne encore.
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