N° 1898 du Canard Enchaîné – 6 Mars 1957
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L’article « I Like Afrique… La croisière noire de Richard Nixon », publié dans Le Canard enchaîné le 6 mars 1957, offre un portrait moqueur de la tournée africaine de Richard Nixon, alors vice-président des États-Unis. Ce périple, ostensiblement destiné à renforcer les liens entre les États-Unis et l’Afrique, est présenté comme une opération géopolitique teintée de cynisme et d’ambitions économiques, dans un contexte de rivalité Est-Ouest et d’intérêt croissant pour les ressources naturelles africaines.
Une visite sous le signe de l’amitié et des affaires
Richard Nixon commence sa tournée par une rencontre avec Mohammed V, sultan du Maroc et allié des Américains. Officiellement, cette visite vise à exprimer la « sollicitude américaine » pour les nations africaines émergentes. Cependant, Le Canard souligne le caractère intéressé de cette démarche, notamment via la référence à la base navale de Bizerte, en Tunisie, et au « petit plan Marshall » qui pourrait l’accompagner. La tournée inclut sept pays africains, mais aussi une halte symbolique au Vatican, illustrant les liens de Nixon avec l’archevêque Spellman, figure influente de l’Église catholique américaine.
Les ambitions américaines en Afrique
L’article insiste sur le rôle des figures américaines influentes, comme Nelson Rockefeller, dans la politique africaine de Washington. Rockefeller est présenté comme un architecte de stratégies visant à sécuriser l’accès américain aux ressources africaines tout en limitant l’influence européenne. Ce « plan Trafalgar », selon Le Canard, repose sur deux piliers : injecter des dollars pour courtiser les Africains et acquérir les matières premières dont regorge le continent. Nixon, dans ce cadre, devient un ambassadeur des intérêts économiques et géopolitiques américains.
Un passé sulfureux
Le Canard ne manque pas d’évoquer les liens controversés de Nixon et de certains groupes américains avec des organisations pro-allemandes avant la Seconde Guerre mondiale. Les références à la South Deutsche Bank et à des entreprises comme Krupp ou Mannesmann soulignent les relations troubles entre certains intérêts économiques américains et allemands. Ces allusions, mêlées à une critique du rôle des grandes entreprises dans l’exploitation des ressources africaines, inscrivent la tournée de Nixon dans une longue tradition d’interventionnisme économique.
Eurafrique vs Afrika
L’article joue sur les mots pour opposer deux visions de l’Afrique : l’« Eurafrique », synonyme des ambitions franco-européennes, et l’« Afrika », convoitée par les intérêts germano-américains. Le Canard souligne ici la marginalisation de la France dans ces luttes d’influence, la qualifiant de « pauvre » face aux puissances économiques américaines et allemandes.
Contexte historique
En 1957, le monde est marqué par les tensions de la Guerre froide. L’Afrique, en pleine décolonisation, devient un terrain stratégique où s’affrontent les blocs Est et Ouest pour le contrôle des ressources et l’influence idéologique. La tournée de Nixon s’inscrit dans cette dynamique, visant à contrer l’expansion soviétique et à renforcer les liens avec les élites africaines. Ce contexte exacerbe les rivalités économiques, notamment autour des matières premières stratégiques comme le pétrole, l’uranium et les minerais.
Une satire mordante
Avec son ton ironique, Le Canard enchaîné ridiculise Nixon en soulignant son rôle de « chevalier servant » des intérêts américains et en évoquant son passé politique marqué par des controverses financières. L’article critique également l’hypocrisie des discours officiels, qui masquent mal les motivations économiques et géopolitiques derrière une façade d’amitié et de coopération.
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