N° 1986 du Canard Enchaîné – 12 Novembre 1958
N° 1986 du Canard Enchaîné – 12 Novembre 1958
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Quand Boris Vian révélait Gainsbourg
Une édition collector du Canard enchaîné, 12 novembre 1958
« Allez, lecteurs, tirez deux sacs de vos louis et raquez au disquaire… »
Dans l’édition du 12 novembre 1958, Boris Vian signe un vibrant éloge du premier 33 tours d’un jeune inconnu nommé « Serge Gainsbourg ». Avec verve et humour, Vian décrypte ce disque sombre et fiévreux — Le Poinçonneur des Lilas, Ronsard 58, La recette de l’Amour fou… — et annonce déjà l’émergence d’un auteur singulier. Un moment rare où les colonnes du Canard participent à écrire l’histoire de la chanson française.
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🎷Serge Gainsbourg
Le 12 novembre 1958, dans sa rubrique Du chant à la une, Boris Vian signe une chronique qui fera date. L’article s’intitule simplement Serge Gainsbourg.
Nous sommes à la veille de la sortie du premier 33 tours du jeune chanteur, Du Jazz dans le ravin, publié chez Philips. Et c’est un Boris Vian en pleine verve — à la fois critique, musicien et poète — qui se charge de le présenter aux lecteurs du Canard enchaîné.
Dès les premières lignes, le ton est mordant et drôle :
Vian présente Serge Gainsbourg, « né à Paris le 2 avril 1928 », comme un “drôle d’individu” qui a trouvé en Alain Goraguer un complice musical. Le chroniqueur détaille les arrangements, loue la qualité technique du disque, et glisse déjà quelques mots qui sonnent comme des intuitions prophétiques :
Vian replace Gainsbourg dans une filiation artistique : celle du Montand des années Kosma et Prévert, mais avec “un ton plus rugueux, plus moderne”.
Là où la chanson rive gauche s’enferme dans le sérieux poétique, Gainsbourg ramène le jazz et le second degré.
Vian souligne ce mélange rare de précision rythmique et de distance ironique : un “parler-chanter” encore inédit dans la chanson française.
Et lorsqu’il évoque Ronsard 58 ou La Recette de l’amour fou, c’est pour saluer leur audace harmonique, leur humour discret, leur légèreté sans fioritures.
Mais l’article se teinte aussi d’une petite mélancolie :
Derrière la chronique musicale, on devine une véritable reconnaissance d’artiste à artiste.
Vian et Gainsbourg partagent une même allergie aux conformismes : tous deux préfèrent l’ironie à la posture, la poésie au message.
Quelques mois plus tard, en juin 1959, Vian s’effondrera lors de la projection de J’irai cracher sur vos tombes.
Gainsbourg, lui, poursuivra sa route, longtemps incompris avant d’être célébré.
Mais cette page du Canard enchaîné restera comme le premier signe de reconnaissance entre deux esprits qui, chacun à leur manière, auront donné à la chanson française son droit à l’insolence.





