Hommage à Henri Monier (1901–1959)

Dans cette édition du 6 mai 1959, Le Canard enchaîné consacre plusieurs pages à la mémoire d’Henri Monier, dessinateur et plume satirique de la maison depuis plus de trente ans. Sous le titre “Cher Henri…”, R. Tréno, rédacteur en chef, s’adresse à son ami disparu dans un texte émouvant, suivi d’une longue autobiographie humoristique laissée par Monier lui-même — une plongée joyeuse et tendre dans ses souvenirs de jeunesse, de guerre, de théâtre, et de cabotinage.

“Je fabrique des cabotins”

C’est tout Monier, qui se raconte en modeste enfant de la IIIe République, piquant son père sur la non-existence de Dieu, se souvenant de ses premiers dessins sur papier crème, de ses débuts dans le journalisme, des heures d’Occupation, et de la Libération. À travers son ton gouailleur, ce sont les années sombres et légères d’un demi-siècle qui ressurgissent.

R. Tréno lui adresse un ultime salut, reconnaissant en lui une figure inoubliable du journal, une « valeur du Canard » dont l’humour discret, la fidélité, la finesse resteront dans la mémoire des lecteurs comme dans celle de ses collègues. Le numéro se referme sur cette phrase : “Au revoir, Henri !”