N° 2709 du Canard Enchaîné – 27 Septembre 1972
N° 2709 du Canard Enchaîné – 27 Septembre 1972
24,00 €
En stock
Pompiboue
Après le mépris de fer … le mépris de flair – En plus des « Misérables » à la Télé : Notre Drame de Pourris … – Mais prenez donc un essuie-mains, par André Ribaud –
L’affaire Aranda continue de faire trembler les murs de la Ve République, et cette fois c’est Georges Pompidou qui se retrouve directement éclaboussé. Dans son article du 27 septembre 1972, Hervé Terrace épingle un président qui, selon lui, confond discrétion et complaisance. Alors que les révélations sur les dossiers compromettants s’accumulent, Pompidou reste silencieux, préférant brandir l’argument du « mépris public » plutôt que de nommer les faits : corruption, concussion, abus de confiance.
À travers son ironie mordante, Terrace souligne la contradiction d’un chef de l’État qui appelle à la « sanction de la loi » contre les affairistes, tout en s’affichant aux côtés de ministres eux-mêmes éclaboussés par des soupçons. Le titre du papier, « Pompiboue », traduit bien ce glissement : le président, loin d’incarner la clarté gaullienne, se retrouve empêtré dans une vase politique où chaque pas l’enfonce davantage.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
Pompiboue
Le silence présidentiel comme stratégie dangereuse
Dans ce commentaire, Terrace décortique la posture de Pompidou avec l’œil acéré du Canard. Le président apparaît comme un homme de compromis, plus soucieux de ménager ses alliés politiques que de défendre les principes républicains. Son refus de nommer les scandales – « corruption, prévarication, trafic d’influence » – est présenté comme une faute politique majeure : à force de ne pas vouloir « secouer le baromètre », le chef de l’État finit par donner l’impression d’un régime résigné à la compromission.
L’ironie du texte réside dans cette observation : Pompidou, qui dénonçait les affairistes, en vient à se retrouver prisonnier de leur ombre. Terrace insiste sur le contraste entre le discours officiel et la réalité des pratiques, soulignant que l’affaire Aranda agit comme un révélateur : les réseaux politico-financiers prolifèrent, les protections s’organisent, et le président lui-même semble paralysé.
La plume du Canard ne se contente pas de railler, elle met en lumière un risque politique profond : l’installation d’un « climat pestilentiel » autour de la Ve République. En associant la figure présidentielle à la boue, Terrace formule une image durable : Pompidou ne domine plus la tempête, il s’y enfonce.
En conclusion, l’article ne s’attaque pas seulement à l’homme, mais à une méthode : celle d’un pouvoir qui préfère minimiser les scandales pour préserver une façade d’ordre, quitte à donner au pays l’impression d’une République engluée dans ses propres compromissions. Une critique qui, cinquante ans plus tard, garde toute son acuité.