N° 2713 du Canard Enchaîné – 25 Octobre 1972
N° 2713 du Canard Enchaîné – 25 Octobre 1972
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Des commandes du côté du manche…
En pleine affaire Aranda, Pompidou se pique d’économie sociale : lors de sa conférence de presse, il affirme sauver une entreprise menacée de chômage. Mais Le Canard dévoile l’envers du décor : Ratier-Forest, bien installée à Figeac, n’a rien de la PME à l’agonie. Derrière les airs de président protecteur des humbles, c’est un coup de pouce à une société déjà bien liée aux grands groupes, et dont la survie repose sur les commandes de l’aéronautique. Quand la “main secourable” du chef de l’État se transforme en manche bien commode pour ses amis.
César et Rosalie (Un spectacle idyllique)
Claude Sautet signe, avec l’aide de Jean-Loup Dabadie, une romance délicate où l’élégance des dialogues rivalise avec la sincérité des sentiments. Romy Schneider, Yves Montand et Sami Frey donnent chair à un triangle amoureux plein de contradictions mais jamais caricatural. Entre la force brute de César, l’ironie de David et les hésitations de Rosalie, le film s’impose comme un spectacle tendre, subtil et lumineux. Pour Michel Duran, c’est simple : un film à voir.
Théâtre Par Philippe Tesson: « Play Strindberg » (Judith Magre, Jean Martin, Francois Maistre), « La Claque », André Roussin, Michel Galabru – Lettres ou Pas Lettres Par Yvan Audouard: Papa.Maman, « Les Boulevards De Ceinture », Modiano, « Alcatraz Banlieue » De Martin Rolland – Bonjour, Madame Florelle!, Par Clément Ledoux –
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Les bonnes œuvres de Pompidou ou l’art du coup de pouce présidentiel
Avec l’affaire Aranda en toile de fond, l’article d’Hervé Terrace dans Le Canard enchaîné du 25 octobre 1972 illustre à merveille la manière dont le journal savait mêler satire et enquête. Georges Pompidou, au cours d’une conférence de presse tendue, avait lancé cette phrase d’apparence désintéressée : « Moi aussi je suis intervenu en faveur d’une entreprise qui, faute de commandes, allait mettre son personnel au chômage. » Façon de se poser en protecteur de l’emploi et de détourner l’attention des remous liés à la corruption.
Mais Le Canard prend la peine d’ouvrir les dossiers. L’entreprise en question n’est autre que Ratier-Forest, installée à Figeac. Loin d’être une petite société artisanale menacée de disparaître, elle compte parmi ses actionnaires des géants industriels comme Pont-à-Mousson ou Usinor. Et son PDG, Gabriel Forest, n’est pas exactement un patron à la petite semaine : il dirige une entreprise florissante dans la papeterie et la reprographie.
Ce que révèle surtout l’article, c’est que derrière la « sollicitude » présidentielle se cache un jeu de chaises musicales : en sauvant Ratier-Forest par l’octroi de commandes d’aéronautique, on ne fait en réalité que déplacer les difficultés sociales vers d’autres usines, notamment à Marignane où la SNIAS licencie. Le tour de passe-passe permet à Pompidou de se présenter comme un président attentif aux territoires – en l’occurrence, le Lot-et-Cahors, fief pompidolien – mais au prix de licenciements ailleurs.
L’ironie de L’Enchaîné réside précisément dans cette inversion : pour « vêtir Paul », il faut « dévêtir Pierre ». Les syndicalistes de Figeac applaudissent, ceux de Marignane grincent des dents. Et le journal de conclure que, décidément, Pompidou ne s’intéresse pas à l’ensemble de l’économie française, mais bien davantage aux zones électoralement sensibles.
Au fond, ce papier illustre la logique que Le Canard s’emploie à dénoncer depuis ses origines : les promesses publiques servent moins à soutenir l’intérêt général qu’à récompenser les fidélités politiques. Derrière la manche secourable, il y a le bras calculateur du pouvoir.