N° 2718 du Canard Enchaîné – 29 Novembre 1972
N° 2718 du Canard Enchaîné – 29 Novembre 1972
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La Communauté réduite aux aguets
Pompidou en Afrique, entre calculs et faux-semblants
À l’automne 1972, Georges Pompidou s’offre une tournée africaine, encadré par ses fidèles Foccart et Billecocq. Officiellement, il s’agit de resserrer les liens de coopération. En réalité, le Canard décortique un voyage où se mêlent diplomatie du franc CFA, enjeux pétroliers et spéculations bancaires. Derrière les sourires protocolaires, les vieilles méthodes coloniales persistent, habillées d’un vernis de « coopération ».
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La Communauté réduite aux aguets
Les faux-semblants de la coopération à la sauce pompidolienne
L’article du 29 novembre 1972 illustre parfaitement la manière dont Le Canard enchaîné désosse les grands discours officiels. À travers cette chronique grinçante, Gabriel Macé montre que la visite africaine de Georges Pompidou n’a rien d’une simple opération de prestige. Il s’agit plutôt de maintenir, sous couvert de coopération, les leviers traditionnels de la puissance française en Afrique.
Le texte souligne d’abord le poids des conseillers de l’ombre, en particulier Jacques Foccart, architecte de la « Françafrique », et Jean Billecocq, diplomate discret mais incontournable. Tous deux incarnent la continuité gaulliste dans la gestion du pré carré africain, mélange de protection militaire, d’appuis financiers et de clientélisme soigneusement entretenu. Pompidou, loin d’innover, s’inscrit dans ce modèle, entretenant le mythe d’une « communauté » alors que la réalité est celle d’un rapport de dépendance.
Les détails rapportés sont particulièrement savoureux : spéculations autour du franc CFA, rivalités locales instrumentalisées, et même les clins d’œil aux banques privées comme Rothschild. Le Canard insiste sur l’écart entre les proclamations officielles — « l’amitié, la coopération, le développement » — et la réalité des affaires : ventes d’armes, accords commerciaux, influences monétaires.
Macé ne se prive pas de tourner en dérision le langage technocratique qui accompagne ce voyage. Les promesses d’équilibre et de partenariat masquent mal le maintien d’un système où la France fixe les règles et les partenaires africains encaissent, bon gré mal gré, les conséquences. Les caricatures insérées dans l’article renforcent cette critique : derrière le sourire diplomatique, le cynisme des intérêts.
Enfin, l’article conclut sur une idée centrale : loin d’apaiser les tensions, ce type de voyage ne fait que perpétuer la méfiance et alimenter les ambiguïtés. La « Communauté », réduite à des calculs économiques et monétaires, n’a plus rien du rêve gaullien des années 1960. Elle devient une coquille vide, guettée par les contradictions et les rancunes.
En filigrane, le Canard pose une question qui était et qui reste d’actualité : où s’arrête la coopération et où commence le néocolonialisme ?