N° 2828 du Canard Enchaîné – 8 Janvier 1975
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La Burmah Oil a le coup de pompe
Quand la City perd pied dans le pétrole
Le 8 janvier 1975, Le Canard enchaîné raconte un coup de tonnerre venu de Londres : l’un des fleurons de la City, la Burmah Oil, se retrouve au bord de la faillite. Incapable de rembourser ses dettes, la vénérable compagnie doit être sauvée in extremis par l’État britannique, tandis que ses filiales devront être bradées. Symbole de l’époque, cette déroute illustre les secousses du premier choc pétrolier : flambée des prix du brut, spéculation effrénée, chute de la consommation et faillites en chaîne. Le Canard en profite pour croquer, avec humour, un capitalisme chancelant sous ses propres excès.
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La Burmah Oil a le coup de pompe
La Burmah Oil ou la fragilité des empires pétroliers
L’article du 8 janvier 1975 met en lumière l’effondrement spectaculaire de la Burmah Oil, société britannique qui, quelques années plus tôt encore, incarnait la puissance impériale de l’Angleterre dans le secteur pétrolier. Fondée au XIXe siècle, solidement implantée en Asie et dans le Golfe, Burmah Oil semblait intouchable. Pourtant, la crise de 1973 a bouleversé la donne : la hausse brutale du prix du baril, décidée par l’OPEP après la guerre du Kippour, a ébranlé tout l’édifice financier.
Le Canard retrace avec ironie cette dégringolade. Tout d’abord, les dettes abyssales : plus de 300 millions de livres dues à un pool de banques américaines. Puis l’intervention du gouvernement britannique, obligé de se porter garant pour éviter la banqueroute. Une véritable nationalisation qui ne dit pas son nom, et qui révèle combien l’État reste, en dernier ressort, le sauveteur d’un capitalisme en crise. Cette ironie grinçante se lit déjà dans le titre : Burmah a « le coup de pompe », manière de dire qu’après avoir pompé les profits, la société se retrouve à bout de souffle.
L’article met aussi en évidence les contradictions du marché pétrolier. Alors que les prix flambent, la consommation s’effondre, entraînant une chute vertigineuse des taux de fret maritime. Des pétroliers flambant neufs restent à quai, incapables de trouver preneur. Burmah, qui avait spéculé sur une demande croissante, se retrouve piégée : ses investissements massifs deviennent des fardeaux. C’est un rappel cruel que dans le capitalisme pétrolier, les cycles d’euphorie et de catastrophe se succèdent à une vitesse vertigineuse.
Le Canard se permet d’élargir la perspective. L’affaire Burmah n’est pas un cas isolé, mais un symptôme : même les géants, qu’ils soient anglais ou américains, peuvent s’effondrer sous le poids de leurs paris financiers. Derrière les grandes manœuvres se profile une vérité gênante : l’instabilité du marché énergétique menace non seulement les entreprises, mais aussi les États eux-mêmes. Car si Burmah tombe, c’est la City toute entière qui tremble.
Enfin, l’article souligne la dimension politique. En reprenant en main une compagnie défaillante, le gouvernement britannique envoie un signal paradoxal : au moment où l’idéologie libérale domine les discours, la réalité impose des interventions publiques massives. Le lecteur du Canard y verra une preuve de plus que le libéralisme triomphant s’accommode volontiers d’un État pompier.
En résumé, ce papier conjugue rigueur économique et humour satirique. La Burmah Oil, jadis symbole de prospérité, devient l’illustration des limites d’un système qui, en croyant maîtriser l’or noir, découvre qu’il est lui-même prisonnier de ses secousses.
"Le pique-assiette" selon André Ribaud
Dans son article du 8 janvier 1975, publié dans Le Canard enchaîné, André Ribaud croque avec acidité la dernière lubie de Valéry Giscard d’Estaing : s'inviter à dîner chez des Français moyens. Une initiative présidentielle qui, selon l’auteur, frôle le ridicule.
Ribaud ironise sur ce président qui débarque "à la fortune du pot" pour une mise en scène de proximité, alors que "les Français en ont soupé" de ces gestes déconnectés de leur réalité. Il imagine Giscard, accompagné de son épouse, devisant sur des sujets sérieux à table, mais totalement imperméable aux vraies préoccupations populaires.
L'auteur pousse l'ironie encore plus loin en déclarant que "le président devra aider à débarrasser", tout en sous-entendant que cette mascarade est plus proche d’un spectacle aristocratique que d’un véritable échange. Ribaud compare même Giscard à un Louis XV moderne, jouant au réformateur éclairé, mais incapable de percevoir les fissures de la société.
Cette critique cinglante se termine sur une note sarcastique : ce "président populaire" finit par incarner non pas une République proche des citoyens, mais ce que Ribaud appelle un "État-bouffe". Une manière savoureuse de pointer l’écart entre les gestes symboliques et l'action réelle.