N° 2841 du Canard Enchaîné – 9 Avril 1975
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La Maison-Blanche, c’est la Maison rouge !
Washington au banc des accusés
Bernard Thomas démonte, avec sa plume acérée, les hypocrisies américaines au moment où la guerre du Vietnam s’achève dans la débâcle. Derrière les proclamations sur la paix et la démocratie, l’auteur décrit la responsabilité de la Maison-Blanche, passée maître dans l’art de semer le chaos. Kennedy, Ford, Kissinger : tous sont pris dans ce réquisitoire contre la « Maison rouge », symbole d’un pouvoir américain taché de sang.
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La Maison-Blanche, c’est la Maison rouge !
Quand Washington sème la guerre au nom de la paix
Dans son article du 9 avril 1975, Bernard Thomas s’attaque frontalement à l’administration américaine, accusée de porter une responsabilité écrasante dans la tragédie vietnamienne. Son titre, « La Maison-Blanche, c’est la Maison rouge ! », dit déjà tout : derrière la façade blanche de la démocratie se cache la couleur rouge du sang versé par des millions de civils et de soldats sacrifiés.
Le journaliste décrit avec force images la réalité de la guerre : des femmes enceintes écrasées, des orphelins errant comme des « petits chiots » sur les routes de l’exode, des blessés incapables de trouver secours. Ce tableau macabre sert d’arrière-plan à une démonstration politique : les États-Unis, loin d’avoir commis une « erreur » au Vietnam, ont poursuivi en toute conscience une logique de domination mondiale.
Thomas remonte aux années 1947-1949 pour rappeler que la stratégie américaine en Asie fut pensée dès le début de la guerre froide : livraisons massives d’armes, financement de régimes autoritaires, appui à des coups d’État dans plusieurs pays du Sud. Le Vietnam n’est pas un accident, mais un élément d’une chaîne cohérente : la Grèce de Papadopoulos, le Chili de Pinochet, le Brésil des généraux, les Philippines de Marcos, jusqu’aux dictatures sanguinaires soutenues pour empêcher l’influence soviétique.
Le texte n’épargne pas Henry Kissinger, alors secrétaire d’État, devenu symbole d’un cynisme sans bornes. L’auteur se moque de sa réputation de « prix Nobel de la paix » et rappelle qu’il fut l’un des architectes des bombardements les plus meurtriers. Plus encore, Thomas souligne la duplicité de Washington : sous prétexte de contenir le communisme, l’Amérique a semé l’instabilité et la haine, livrant des pays entiers à la guerre civile et aux dictatures.
En filigrane, l’article évoque aussi l’aveuglement des alliés européens, souvent prompts à relayer les justifications américaines. Bernard Thomas, fidèle à l’esprit du Canard, se place à contre-courant de ces discours officiels et insiste sur la dimension structurelle de cette politique : les États-Unis ne se trompent pas, ils agissent selon une stratégie assumée, quitte à « ensanglanter la planète ».
Cet article illustre parfaitement le ton du journal à l’orée de la chute de Saïgon : non pas une compassion abstraite, mais une dénonciation précise des responsables, noms à l’appui. À travers ce texte, Thomas transforme la débâcle vietnamienne en procès de la Maison-Blanche, rappelant que ce sont toujours les peuples qui paient le prix des calculs géopolitiques.