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N° 2979 du Canard Enchaîné – 30 Novembre 1977

N° 2979 du Canard Enchaîné – 30 Novembre 1977

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NOTRE EMPEREUR À BANGUI

Le 30 novembre 1977, Le Canard fait l’inventaire d’un sacre qui ressemble à une liste de mariage arrosée au kérosène : voitures, bouffe, alcools, fleurs, carrosses et trône pour Bokassa. Pendant que la France “coopère”, Bangui paie, les fonctionnaires donnent leur hausse à la cour, et TF1 se fait expulser pour laisser l’exclusivité à Antenne 2. Derrière la farce des petits fours : une leçon de Françafrique, où l’image se verrouille et la facture se planque.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

NOTRE EMPEREUR À BANGUI, OU L’ART FRANÇAIS D’EMBALLER UN SACRE

Le 30 novembre 1977, au moment où la France se donne des airs modernes sous Giscard, voilà qu’elle renoue avec un genre très ancien : la cour. Pas à Versailles, non, à Bangui. Et pas pour un président en visite de courtoisie, mais pour l’« empereur » Bokassa, dont le sacre approche. Dans “La Mare aux Canards”, on ne parle pas de diplomatie, on parle d’inventaire. Le Canard fait les comptes, pèse les petits fours, soupèse les décorations, et laisse entendre que la “coopération” française ressemble à un service traiteur en uniforme.

On découvre ainsi le détail croustillant du “cadeau” : 58 Renault, 55 Mercedes, un Peugeot solitaire (pour l’équilibre statistique), 75 motos BMW, 100 tonnes de boustifaille, 140 tonnes d’alcools, 1,5 tonne de petits fours, un DC-8 de fleurs, 35 chevaux, et “aucun raton laveur” (ce sens du luxe qui sait rester pudique). Tout ça pour le “sacre du siècle”. À ce niveau, ce n’est plus un protocole, c’est une liste de mariage écrite par un ministère.

LA “COOPÉRATION” À LA LOUCHE : QUAND LA RÉPUBLIQUE JOUE LES DAMES DE COMPAGNIE

Le plus savoureux, c’est le contraste : officiellement, Paris ne “finance” rien, Paris “accompagne”. En réalité, l’article suggère une France en porteur de valises, occupée à convoyer carrosses, trône impérial, et jusqu’à 125 selles d’armes arrivées à Bangui “à bord d’un Skymonster”. Même le décorateur, Olivier Brice, menace de ne livrer les roues des carrosses qu’une fois “intégralement payé”. On imagine la scène : l’Empire au garde-à-vous, et la roue arrière en otage, façon crédit revolving.

Le Canard pointe surtout cette alchimie typiquement françafricaine : on appelle ça “rayonnement”, mais ça ressemble à une facture masquée. On aide un autocrate à se faire couronner, puis on s’étonnera demain que la couronne coûte plus cher que l’école. La satire vise juste : la République prête main-forte à une monarchie de pacotille, et le fait en gardant un visage de premier communiant.

BOKASSA AU BASSINET : LA COURONNE EN QUÊTE, LE PEUPLE EN FACTURE

Sous le titre “Au bassinet”, l’article décrit le mécanisme le plus obscène : la population locale est “invitée” à participer aux frais. Les commerces doivent rénover leur vitrine avant le 20 novembre “sous peine de payer” (on appelle ça une invitation, comme une convocation au commissariat). On parle d’amendes de 2 000 NF par jour de retard, de trois diamants locaux partis à 1,5 million de NF, de 5 000 “belles pierres” affectées aux couronnes. Et quand les fonctionnaires obtiennent une augmentation de 10% à compter du 30 novembre, ils s’empressent d’en “faire don” à la cour. Le progrès social, version Empire : on te monte le salaire pour que tu le rendes plus vite.

Au milieu de ces chiffres, la phrase implicite est une gifle : la mise en scène d’un pouvoir est payée trois fois. Par la France (qui expédie la cargaison), par l’État centrafricain (qui transforme l’administration en tirelire), et par les petites gens (qu’on “invite” à cracher). La couronne, c’est une pompe : elle aspire le prestige et recrache des dettes.

LES “NICHES D’ELKABOT” : CENSURE, EXCLUSIVITÉ, ET CROCS LONGS

Et comme une monarchie n’est complète qu’avec ses hérauts, voici l’épisode télévisuel : cinq journalistes et techniciens de TF1 expulsés de Bangui, “leur seul tort” étant de ne pas appartenir à Antenne 2. Le papier raille l’exclusivité arrachée pour la retransmission du sacre, et vise directement Jean-Pierre Elkabbach, rebaptisé “Elkabot-chef”. D’après le récit, un coup de fil au sommet, une plainte pour “concurrence”, et hop : rideau sur les images.

Ce n’est pas un détail annexe : c’est la logique entière de l’affaire. On ne couronne pas seulement un homme, on couronne un récit. On verrouille l’image, on choisit la caméra, on expulse les gêneurs. Le sacre doit être vu, mais surtout vu comme il faut. La Françafrique, c’est aussi une régie de télévision : projecteurs sur les dorures, blackout sur les coulisses.

AU-DELÀ DU RIRE : LA NOTE QUI RESTE

Le Canard ne “découvre” pas Bokassa en 1977 : il documente, à sa manière, un moment où la France officielle s’emmêle dans ses propres rubans. Derrière la farce des petits fours et des carrosses, il y a déjà la question qui enfle : jusqu’où ira-t-on pour conserver de l’influence, des réseaux, une présence, une fiction de grandeur sous les tropiques ? En 1977, on rigole. En 1979, certains feront semblant de tomber de l’armoire… impériale.