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N° 87 du Canard Enchaîné – 27 Février 1918

N° 87 du Canard Enchaîné – 27 Février 1918

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Isidore Lechat, patriote

Le Canard du 27 février 1918 met en scène un revenant : Isidore Lechat, personnage de Mirbeau, transformé en fantôme patriote par la plume de Charles-Henry Hirsch. Dans un Paris nocturne hanté par les ombres, Lechat incarne la caricature de l’affairiste qui, sous prétexte de servir la Patrie, sert surtout ses millions. Dialogue imaginaire, satire féroce : derrière la figure grotesque du financier, c’est la guerre des profiteurs de l’arrière qui est dénoncée.

Feuilleton du Canard Enchainé : La Clique du Café Brebis V, par Pierre Mac Orlan

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Avec « Isidore Lechat, patriote », Charles-Henry Hirsch offre au Canard enchaîné un texte où la satire littéraire se mêle à la critique sociale et politique. Le choix d’Isidore Lechat n’est pas anodin : ce personnage créé par Octave Mirbeau dans sa pièce Les affaires sont les affaires (1903) incarne l’affairiste cynique, dévoré par l’appât du gain. Hirsch le ressuscite sous forme de spectre, errant dans un Paris nocturne vidé par la guerre, et le confronte à Mirbeau lui-même.

La scène s’ouvre dans une atmosphère de cauchemar : rues désertes, ombres errantes, Arc de Triomphe hanté par les morts. Ici surgit Isidore Lechat, transformé en revenant bavard. Face à Octave Mirbeau, il expose sa logique : « Je fais des affaires pour la Patrie ! » Cynisme absolu : l’argent, les canons, les vivres, tout est commerce. Sous couvert de patriotisme, Lechat défend l’idée que la guerre n’est qu’une gigantesque affaire où chacun tire profit.

Hirsch déploie son ironie en pastichant les dialogues philosophiques. Lechat proclame sa foi dans le capital, persuadé que la victoire ne peut advenir sans lui : « La victoire est impossible sans moi… Elle sera complète quand, devenu l’homme le plus riche de France, je donnerai à mon pays la gloire d’être la patrie de l’homme le plus riche du globe. » Cette tirade grotesque condense l’esprit du profiteuriat de guerre, où l’intérêt personnel se dissimule sous un voile patriotique.

Mirbeau, témoin accablé, apparaît comme la conscience meurtrie, l’intellectuel indigné. Il dénonce la corruption morale qui gangrène la France : « Le meilleur de la nation est aux tranchées… » tandis que les profiteurs de l’arrière s’enrichissent à l’abri des sacrifices. À travers ce contraste, Hirsch pointe une fracture sociale profonde : celle entre ceux qui paient de leur sang et ceux qui profitent des malheurs collectifs.

Historiquement, l’article résonne fortement. En 1918, les profiteurs de guerre font l’objet d’un ressentiment croissant. Les scandales liés aux fournitures militaires, à l’inflation et aux enrichissements suspects nourrissent une colère que la presse satirique s’empresse de relayer. En convoquant Isidore Lechat, Hirsch offre une figure symbolique immédiatement reconnaissable pour le lecteur : l’incarnation littéraire du capitalisme sans scrupule, remise au goût du jour en pleine guerre mondiale.

Le dialogue spectral prend ainsi valeur d’allégorie. Lechat représente le cynisme d’une France affairiste, tandis que Mirbeau symbolise la voix de l’éthique, du désenchantement et de la mémoire des morts. Le texte dénonce, par le détour de la fiction, une réalité bien concrète : la guerre nourrit les plus sordides appétits.

En définitive, « Isidore Lechat, patriote » illustre parfaitement la manière dont Le Canard enchaîné détourne la littérature pour nourrir sa satire. En ressuscitant le personnage de Mirbeau, Hirsch montre que les profiteurs ne meurent jamais : ils traversent les époques, se parent des mots de « patrie » et de « gloire », mais ne cherchent qu’à digérer la misère du pays. Et le rire, amer, sert d’arme pour les dénoncer.

Charles-Henry Hirsch (1870-1942)

Journaliste, écrivain et dramaturge français, Charles-Henry Hirsch collabora à plusieurs titres de presse satirique et littéraire de la première moitié du XXe siècle, dont Le Canard enchaîné pendant la Première Guerre mondiale. Ses chroniques y mêlaient satire sociale, critique politique et pastiches littéraires, comme en témoigne son texte de 1918 « Isidore Lechat, patriote ».

Homme de lettres éclectique, il publia des pièces de théâtre et des romans, souvent teintés d’humour et de fantaisie, mais également des textes engagés, marqués par son esprit caustique. On lui doit notamment La Dernière gaffe (1902), Le Cœur d’Irma (1907) ou encore des vaudevilles représentés sur les scènes parisiennes.

Issu d’un milieu bourgeois, Hirsch s’est fait connaître dans les cercles littéraires de la Belle Époque, avant de traverser les années de guerre avec une plume toujours critique à l’égard des profiteurs et des institutions. Mort en 1942, il laisse l’image d’un chroniqueur ironique, héritier de la veine satirique française, et d’un témoin de son temps, oscillant entre humour boulevardier et dénonciation sociale.