N° 112 du Canard Enchaîné – 21 Août 1918
N° 112 du Canard Enchaîné – 21 Août 1918
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21 août 1918 : Apollinaire, ses Calligrammes et l’œil critique du Canard
En pleine guerre, Guillaume Apollinaire publie ses Calligrammes, poèmes de paix et de front jouant avec la typographie comme autant de dessins poétiques. Dans Le Canard enchaîné, Victor Snell salue l’originalité intacte de l’auteur d’Alcools, tout en s’amusant de ces formes parfois jugées puériles. Entre admiration sincère et ironie légère, c’est le portrait d’un poète blessé par la guerre mais toujours inventif, que la plume du Canard restitue avec malice.
La statue du procureur, par Henri Béraud – Maurras tourné en dérision avec sa proposition de statufier Léon Daudet…
Dernière heure, un raid sur Strasbourg
Fausse alerte, vraie caricature : le Canard annonce un raid imaginaire, parodie des manchettes sensationnalistes. Un pied de nez aux journaux qui font du scoop guerrier un produit marketing.
Élève du « Morningue », dessin de Bécan.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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L’édition du 21 août 1918 du Canard enchaîné publie sous la plume de Victor Snell une critique des Calligrammes, tout juste parus chez Mercure de France. Ce recueil, aujourd’hui considéré comme une œuvre charnière de Guillaume Apollinaire, marquait alors un tournant dans la poésie de guerre et dans l’art typographique. Snell, fidèle au ton du Canard, en propose une lecture mêlant sérieux et humour, respect et distance ironique.
L’article s’ouvre sur une mise en perspective : trois ouvrages d’Apollinaire sont sortis en moins d’un an (Les Mamelles de Tirésias, Histoire de Perceval le Galloys et Calligrammes). Preuve, selon Snell, de la fécondité d’un écrivain « multiple », à la fois dramaturge, romancier et poète. Mais si Les Mamelles l’avaient laissé sceptique, Snell se montre plus indulgent à l’égard des poèmes typographiés : il souligne qu’ils révèlent un Apollinaire toujours original, malgré ses blessures et les temps troublés.
Le critique n’élude pas les objections : oui, certains trouveront puérile l’idée de dessiner des poèmes en forme de pipe, de harpe ou de cœur. Mais il retourne l’argument avec malice : après tout, Erik Satie lui-même compose des pièces en forme de poire. Pourquoi refuser au poète une liberté que l’on accorde au musicien ? Snell reconnaît même que plusieurs textes, loin d’être de simples jeux, dégagent une beauté surprenante et une intensité nouvelle.
L’un des moments forts de sa recension est la référence au poème final, La Jolie Rousse, où Apollinaire écrit : « Il y a tant de choses que je n’ose vous dire ». Snell y voit une justification subtile : le poète, conscient de ses fragilités, n’a pas besoin d’être pardonné, puisqu’il échappe déjà à tout jugement ordinaire.
À travers cette chronique, Le Canard enchaîné se fait donc passeur d’une œuvre moderne qui, dans le chaos de la guerre, réinvente la poésie. Loin de se limiter à la satire politique, le journal montre ici sa capacité à accueillir et commenter l’avant-garde littéraire, non sans piquant. L’article de Victor Snell illustre bien l’esprit du Canard : prendre au sérieux l’originalité, mais sans jamais renoncer à la distance critique et au sourire.
Dernière heure, un raid sur Strasbourg
Dans ce numéro, le Canard parodie les manchettes sensationnalistes qui annonçaient quotidiennement des victoires ou des percées spectaculaires. Ici, c’est un « raid sur Strasbourg » qui fait l’objet d’un faux communiqué. L’effet comique repose sur l’exagération et l’invraisemblance : le journal imite la langue emphatique de la presse pour mieux en montrer le vide. Le public comprend immédiatement la cible : ces nouvelles tonitruantes, destinées à galvaniser l’arrière, ne reposaient souvent que sur des rumeurs. En ridiculisant ce scoop imaginaire, le Canard démasque la fabrication de l’information en temps de guerre.
« Concours d’échos pour L’Intran »
Le Canard poursuit sa série : nouvelles anecdotes détournées, toujours plus absurdes, où les soldats, les civils et même les objets du quotidien versent des larmes aussi convenues que ridicules. À travers cette chronique rythmée, le journal expose la mécanique du pathos nationaliste et en révèle la vacuité.





