Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 320 du Canard Enchaîné – 16 Août 1922

N° 320 du Canard Enchaîné – 16 Août 1922

79,00 

En stock

Cette semaine a été un triomphe pour Napoléon-Le-Trocquer

Le 16 août 1922, Le Canard enchaîné consacre sa une au ministre des Travaux publics, Yves Le Trocquer, surnommé ironiquement « Napoléon-Le-Trocquer ». Sous la plume de Victor Snell, le ministre est présenté comme un général en campagne, multipliant les « victoires » bureaucratiques au gré de ses inaugurations et de ses discours. Mais derrière l’humour, le Canard dénonce l’inflation de cérémonies officielles, l’autoritarisme bonhomme du ministre et le caractère répétitif d’une politique qui se contente de gérer l’après-guerre par l’illusion d’un volontarisme technique.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

L’article de Victor Snell s’inscrit dans une tradition bien rodée du Canard enchaîné : transformer un ministre en figure de comédie en l’affublant d’un sobriquet évocateur. Yves Le Trocquer, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, devenu ministre des Travaux publics en 1920, hérite ainsi du surnom de « Napoléon-Le-Trocquer ». Un sobriquet qui souligne à la fois sa raideur militaire et son goût prononcé pour l’ostentation lors de ses déplacements officiels.

Un ministre présenté comme un chef de guerre

Dans l’article, Snell décrit Le Trocquer comme un véritable stratège, avançant « avec la volonté de chemin de fer dans un gant de velours », entouré de ses collaborateurs présentés comme une « maison mortuaire ». Les inaugurations d’ouvrages publics et les discours techniques deviennent des batailles : après la victoire d’Échelles l’année précédente, voilà que Mielan est comparé à un nouvel Austerlitz. La rhétorique guerrière, volontairement décalée, vise à ridiculiser la solennité excessive des cérémonies républicaines.

Cette militarisation du langage administratif n’est pas anodine. En 1922, la France vit encore dans le sillage de la Première Guerre mondiale. Le vocabulaire militaire, omniprésent dans la presse et dans la politique, sert à légitimer les dirigeants, mais il devient une cible facile pour la satire. En présentant Le Trocquer comme un Napoléon de pacotille, le Canard tourne en dérision cette inflation verbale.

Une critique des routines politiques

Snell insiste sur le caractère répétitif des interventions du ministre : chaque catastrophe ferroviaire est l’occasion d’un nouveau discours sur « la prévention des accidents » et d’une mise en scène rassurante. Mais rien ne change véritablement. La politique des transports, essentielle dans un pays en reconstruction, se réduit à une succession de « triomphes » administratifs et à la perpétuation des mêmes problèmes.

Le Canard se moque également de l’attitude paternaliste de Le Trocquer. Décrit comme un homme « rond et décidé », il symbolise ce pouvoir technocratique qui s’impose sans discussion, au nom d’une compétence supposée indiscutable. Cette ironie vise plus largement le gouvernement Poincaré, dont les ministres apparaissent comme des gestionnaires rigides, plus enclins à inaugurer et discourir qu’à réformer en profondeur.

Une satire de l’après-guerre administratif

L’article témoigne aussi d’un phénomène plus large : la bureaucratisation de la vie publique dans la France des années 1920. Après la guerre, la modernisation des infrastructures (routes, chemins de fer, réseaux électriques) devient un enjeu majeur. Mais cette modernisation se fait sous le signe d’un État centralisateur, lourd, multipliant les cérémonies officielles. En ironisant sur « Napoléon-Le-Trocquer », Snell met en lumière l’écart entre les discours grandiloquents et l’ordinaire d’une population encore marquée par les difficultés économiques.

L’arme du ridicule

L’efficacité de l’article repose sur le registre du ridicule. En comparant Le Trocquer à Napoléon, Snell joue sur le contraste entre la figure du grand stratège et la banalité d’un ministre de la IIIe République, empêtré dans des inaugurations ferroviaires. Le ministre est transformé en caricature vivante, ses « triomphes » réduits à des inaugurations provinciales et ses « armées » à des commissions administratives.


Conclusion

Avec ce portrait ironique, Le Canard enchaîné continue en 1922 de mettre à nu la vacuité des discours politiques. Loin d’être un simple pamphlet contre Le Trocquer, l’article de Snell révèle le climat de la France de l’après-guerre : une société fatiguée de solennités officielles, méfiante vis-à-vis de ses élites et friande d’une satire qui sait renverser les symboles. En baptisant un ministre « Napoléon-Le-Trocquer », le Canard rappelle que les grandes victoires républicaines ne sont parfois que des batailles de mots.