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N° 597 du Canard Enchaîné – 7 Décembre 1927

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7 décembre 1927 : la “Chambre du 11 mai” refait son patriotisme

À en croire Drégerin, la Chambre du Cartel des gauches, jadis honnie, vient de se “réhabiliter” en votant le budget de la Guerre. Un exploit d’équilibrisme politique : rester fidèle à son programme… tout en le reniant. Sous le vernis des discours patriotiques, Le Canard enchaîné décèle l’éternel théâtre parlementaire, où les mots d’ordre changent moins vite que les convictions.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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🪶  “La Chambre du 11 mai s’est réhabilitée” de Drégerin (Le Canard enchaîné, 7 décembre 1927)

Avec son ironie si particulière, Drégerin — pseudonyme d’André Guérin, chroniqueur politique du Canard enchaîné — signe ici une satire politique d’une grande subtilité, qui prend pour cible le retournement d’opinion entourant la fameuse “Chambre du 11 mai”. Ce texte, paru à la une du 7 décembre 1927, offre une leçon de politique et de rhétorique : derrière l’apparente réhabilitation parlementaire, le journaliste révèle une classe politique qui se félicite surtout d’avoir bien joué son rôle de figurants.

Pour saisir la portée du texte, il faut revenir sur le contexte. La “Chambre du 11 mai” est celle issue des élections législatives de 1924, remportées par le Cartel des gauches (radicaux et socialistes unis). Cette majorité, bientôt déchirée par les divisions internes, fut la cible constante de la droite, qui l’accusa de faiblesse, de défaitisme et de compromission avec les “rouges”. Trois ans plus tard, à la faveur du débat sur le budget de la Guerre, cette même assemblée parvient à donner des gages de fermeté militaire — et voilà que les conservateurs, naguère féroces, saluent soudain la “Chambre réhabilitée”. Drégerin s’empare de ce renversement comme d’une farce politique : le ton grave des journaux patriotiques se retourne sous sa plume en pur comique de répétition.

Le titre même du papier — “La Chambre du 11 mai s’est réhabilitée” — sonne comme une pique. Guérin décrit, faussement admiratif, une Assemblée “qui a pris les devants”, “sauvé nos admirables Conseils de guerre” et “sauvegardé l’honneur de la Patrie et de la Propriété”. Mais derrière la phrase compassée, le lecteur du Canard perçoit le rire grinçant : ce patriotisme de façade, exalté à coups de motion et de crédits militaires, n’est qu’un numéro de scène.

La satire vise d’abord les discours grandiloquents : “La Chambre, Dieu merci ! a pris les devants.” On croirait entendre les éditoriaux des grands quotidiens conservateurs — Le Temps, Le Journal des Débats — célébrant les “frémissements d’enthousiasme” pour une Chambre qu’ils accablaient la veille. Drégerin renvoie dos à dos droite et gauche : les premiers pour leur hypocrisie patriotique, les seconds pour leur opportunisme électoral. La phrase clé, “le programme du 11 mai reste intact, rigoureusement intact !”, fonctionne comme un miroir satirique : l’Assemblée se félicite d’avoir changé sans changer, d’avoir trahi ses principes tout en proclamant leur fidélité.

Sous des dehors anodins, cet article témoigne d’un moment de bascule de la Troisième République : le pacifisme des lendemains de guerre s’effrite, tandis que la “ligne bleue des Vosges” redevient un symbole. Drégerin, en fine plume, pointe le glissement vers un consensus nationaliste à peine déguisé. Le Canard, fidèle à sa vocation de vigie, détecte déjà la reconversion du Cartel des gauches en une République “du juste milieu”, où les mots de la paix servent à financer la guerre.

Le ton est faussement solennel, le style faussement bienveillant : c’est tout l’art de Guérin. Sous la louange, une gifle ; sous le patriotisme, un sourire en coin.