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N° 702 du Canard Enchaîné – 11 Décembre 1929

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11 décembre 1929 : quand Pierre Scize écrit au préfet de police


Sous forme de lettre ouverte, Pierre Scize règle ses comptes avec les “visites” répétées de la police au Canard enchaîné. En feignant la gratitude, il remercie ironiquement ces “serviteurs zélés” venus s’enquérir de la vie privée des rédacteurs, avant de leur dresser un portrait hilarant du quotidien d’un journaliste du Canard. Derrière le ton moqueur, une charge sévère contre la surveillance politique et la police des opinions, que le gouvernement Tardieu entretient à coups de rapports et de concierges bavards. Une chronique au vitriol sur la liberté de la presse à la fin des années 1920.

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11 décembre 1929 : Pierre Scize au préfet de police — une lettre ouverte sous haute surveillance

À la une du Canard enchaîné du 11 décembre 1929, Pierre Scize signe une lettre ouverte d’anthologie : « Lettre à M. le Préfet de Police ». Le texte, drôle et acéré, répond aux visites insistantes de la police parisienne dans les locaux et les domiciles des collaborateurs du journal. Sous prétexte d’enquêtes de routine, ces “visites” ressemblent à des filatures politiques. Scize, fidèle à son style à la fois théâtral et goguenard, feint de s’en réjouir.

“Braves gens ! Sollicitude touchante ! Croyez bien, monsieur le Préfet, que nous sommes comblés, honorés, reconnaissants.”

Derrière cette politesse excessive se cache une ironie redoutable. En remerciant les agents pour leur zèle, le Canard expose le ridicule d’un appareil policier obsédé par la surveillance des journalistes et des opposants. L’auteur multiplie les images grotesques : des fonctionnaires “à clous vernis” qui n’osent pas salir les tapis des appartements, des concierges transformées en informatrices, des enquêteurs qui “prêtent une oreille attentive et poilue” aux conversations de bistrot.

Le cœur du texte, cependant, se situe dans la deuxième partie : “La journée d’un rédacteur du Canard”. C’est un véritable pastiche du rapport de police. Scize y décrit la routine imaginaire d’un journaliste typique : lever tardif, gueule de bois, lecture exhaustive de la presse (pour mieux la moquer), promenade entre les cafés et les séances parlementaires, soirées au théâtre, belote et poker “jusqu’à cinq heures du matin”. Le tout forme une parodie du cliché du “meneur d’opinion subversif” : un homme ni dangereux ni conspirateur, mais simplement lucide, rieur et libre.

Sous le rire, la dénonciation est claire : la France de Tardieu s’enfonce dans une ère de méfiance politique. Après avoir promu la “réorganisation de l’État” et les “fonds pour l’outillage national”, le président du Conseil s’emploie à resserrer la surveillance policière et à encadrer la presse satirique. Les correspondances interceptées, les descentes dans les rédactions et la censure préventive restent monnaie courante à la fin des années 1920.

Scize répond donc par l’arme qu’il manie le mieux : la dérision. “Nous vous disons carrément : non, monsieur le Préfet ! Quelle que soit notre fierté à recevoir une si haute marque d’intérêt, elle doit s’effacer devant le salut public.” La rhétorique administrative est retournée contre le pouvoir, dans un pastiche si convaincant qu’on imagine volontiers le préfet le lire sans rire.

Le Canard, fidèle à sa devise d’insoumission joyeuse, se met ainsi en scène comme victime consentante — mais imperturbable — de la police politique. L’article se conclut sur une pirouette d’une efficacité parfaite :

“J’espère, monsieur le Préfet, que vous consignerez cet emploi du temps dans les dossiers que vous nous faites l’amitié de constituer sur chacun de nous…”

Ce mélange d’humour bureaucratique et de satire sociale illustre la virtuosité de Pierre Scize : en 1929, il transforme la peur en farce, et la répression en littérature.

Dans la France de Tardieu, qui se rêve “moderne” mais renoue avec les vieux réflexes de l’ordre, Le Canard enchaîné rappelle que la liberté de la presse tient parfois… à un bon mot.