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N° 868 du Canard Enchaîné – 15 Février 1933

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Les 15 opérations quotidiennes d’un lecteur du “Matin”

Le 15 février 1933, Roger Salardenne signe dans Le Canard enchaîné une parodie mordante du Matin et de son directeur Stéphane Lauzanne. Prétextant les « quinze opérations » pour déclarer sa bonne aux assurances sociales, le Canard retourne la charge : et si l’abruti administratif, c’était le lecteur du Matin lui-même ? Quinze gestes absurdes plus tard — froncer les sourcils, baver sur les envoyés spéciaux, travailler du chapeau —, Salardenne démasque le conformisme tranquille d’une France qui lit sans penser. En 1933, pendant que la presse bourgeoise compte ses timbres, l’histoire, elle, commence à se dérégler.

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Les quinze gestes inutiles du Français moyen

Le Canard enchaîné du 15 février 1933 consacre une pleine colonne à une parodie savoureuse signée Roger Salardenne, sous le titre : « Les 15 opérations quotidiennes d’un lecteur du “Matin” ». Ce texte, d’apparence légère, est en réalité une charge féroce contre le conformisme de la presse bourgeoise et l’absurdité bureaucratique de la France des années trente.

Tout commence par un éditorial de Stéphane Lauzanne, directeur du Matin, quotidien conservateur et patriote qui fut, avant guerre, l’un des plus influents du pays. Dans un ton paternaliste, Lauzanne y dressait la liste des « quinze opérations » qu’un employeur devait accomplir pour déclarer sa bonne aux assurances sociales — nouvelle obligation issue des réformes sociales de 1930. Cette inflation de paperasserie lui servait d’argument pour dénoncer « l’État paperassier » et plaider, une fois encore, pour le recul de l’intervention publique.

Salardenne saisit aussitôt l’occasion : il retourne la charge et la transforme en un morceau d’ironie jubilatoire. Il commence par rappeler, avec un calme faussement respectueux, les quinze étapes bureaucratiques décrites par Lauzanne : déclarer sa bonne, coller les timbres, faire l’addition, présenter le récépissé au bureau de poste, puis recommencer pour la « bonne malade ». Une avalanche de gestes mécaniques, déclinés sur le mode comique de la saturation administrative. Puis, feignant la complaisance, Salardenne ajoute d’autres opérations que Lauzanne aurait « oubliées » : « faire un nœud à son mouchoir pour se rappeler l’endroit où l’on a rangé le récépissé », « donner le mouchoir au blanchissage », « pincer la taille de la bonne ». Le rire fuse : ce n’est plus seulement la satire d’un État tatillon, c’est celle du bourgeois lui-même, ce monsieur Dupont qui se plaint de trop d’État tout en continuant à vivre de ses privilèges domestiques.

Mais l’auteur ne s’arrête pas là. Après avoir épinglé le ridicule de Lauzanne, il pousse la logique jusqu’à l’absurde : pourquoi ne pas dresser aussi la liste des « quinze opérations » qu’accomplit chaque jour le lecteur du Matin lui-même ? La seconde moitié du texte est un petit bijou d’humour noir et d’esprit « canardier ». On y suit, pas à pas, le rituel quotidien du Français moyen abreuvé à la presse conservatrice :

  1. Demander Le Matin à la marchande de journaux ;
  2. Lire l’éditorial de M. Lauzanne ;
  3. Essayer de le comprendre ;
  4. Prendre un cachet d’aspirine pour la migraine…

Suit une série d’observations cruelles sur les tics du lecteur : « froncer les sourcils », « les défroncer », « baver en lisant les informations des envoyés spéciaux », « méditer la manchette », puis “travailler du chapeau”. La liste, faussement méthodique, tourne en dérision la prétendue gravité de la grande presse parisienne. Le Canard montre que lire le Matin, ce n’est pas s’informer, c’est participer à une mécanique de crédulité et de passivité.

Nous sommes en 1933, dans une France secouée par la crise économique mondiale. Le chômage s’installe, les ligues d’extrême droite recrutent, et les scandales financiers — de l’affaire Oustric à celle de Marthe Hanau — nourrissent un climat de défiance. Dans ce contexte, les grands journaux comme Le Matin, Le Temps ou L’Écho de Paris jouent le rôle de gardiens de l’ordre établi. Ils s’indignent des réformes sociales du gouvernement radical, dénoncent le « dirigisme » et s’érigent en défenseurs du bon sens français. Or, c’est précisément ce bon sens que Salardenne démonte pièce par pièce : il montre qu’il n’est qu’un automatisme intellectuel, un ensemble de réflexes conditionnés par la presse.

Le rire du Canard est d’autant plus percutant qu’il s’attaque à l’un des symboles du journalisme d’opinion de la IIIᵉ République. Lauzanne, patriote convaincu et germanophobe obsessionnel, avait bâti Le Matin sur une morale civique et militaire. Il en fera d’ailleurs un organe de propagande collaborationniste sous l’Occupation — ce qui, rétrospectivement, donne à la satire de 1933 un parfum prophétique.

En filigrane, Salardenne touche à un mal plus profond : la transformation du citoyen en consommateur de nouvelles, l’abrutissement quotidien par la routine médiatique. En quinze opérations dérisoires, il résume la paresse politique d’une société qui lit sans réfléchir, s’indigne à la commande et s’endort dans la satisfaction de son confort.

Cette petite chronique, parue dans un coin de page du Canard enchaîné, est en réalité une leçon de satire à la française : courte, précise, implacable. Elle met au jour ce que l’humour a de plus politique : le pouvoir de désacraliser la bêtise. En 1933, tandis que l’Europe s’apprête à basculer dans l’ère des certitudes totalitaires, Salardenne montre qu’il existe encore, à Paris, un rire libre — celui qui rappelle que le conformisme, même quand il s’écrit en belles lettres d’imprimerie, n’est jamais qu’un réflexe de lecteur.


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