Dans son article En vacances sur une plage déminée publié le 8 août 1945 dans Le Canard Enchaîné, Roger Salardenne décrit avec un humour mordant les conditions précaires et absurdes des vacances post-guerre à Trou-sur-Manche, une des rares plages officiellement déminées en France.

Salardenne commence par souligner l’affluence de cette plage limitée à une cinquantaine de mètres, entourée de mines des deux côtés. La baignade se fait par roulements et nécessite une fiche d’admission délivrée par la mairie. Salardenne raconte avoir fait la queue toute une nuit pour obtenir une fiche lui permettant de se baigner un jeudi prochain, une opportunité qu’il accueille avec humour.

La mer, étant assez éloignée en raison de la marée basse et de la foule, oblige les baigneurs à nager debout, ajoutant une touche de surréalisme à la situation. Salardenne évoque son bricolage pour compenser la distance de la mer, en utilisant un coquillage pour écouter le bruit des vagues et un hareng saur pour en imiter l’odeur, créant ainsi une illusion de bord de mer.

Les hébergements sont également problématiques. Les hôtels en ruines et réquisitionnés forcent les touristes à se loger chez les habitants. Salardenne décrit avec ironie la cave où il réside, située entre Trou-sur-Mine et Blockhaus-les-Bains, partageant l’espace avec dix-sept autres personnes.

La nourriture se résume principalement à des nouilles et des macaronis, avec peu de variété, ce qui souligne encore une fois la précarité des conditions. Malgré tout, Salardenne trouve une certaine satisfaction dans ces vacances, exprimant un sentiment de pitié ironique envers les Parisiens qui n’ont pas les moyens de prendre des vacances similaires.