Robert Danger, dans son article « Un pays arriéré, LA SUISSE a du retard« , dresse un portrait ironique de la Suisse en février 1946, soulignant ce qu’il perçoit comme des signes de retard par rapport à la France. Dès son arrivée à Genève, il observe avec surprise des détails inhabituels pour lui : des cyclistes et des automobilistes qui laissent leurs véhicules sans antivol et les retrouvent intacts. Pour lui, c’est une première désillusion car en France, cela relèverait de la pure folie.

Il continue avec une visite dans un café où il est étonné par la propreté et l’amabilité du serveur, ainsi que par la longue liste de boissons disponibles, contrairement aux ersatz trouvés en France. De même, dans les magasins de chaussures, il est impressionné par la variété et la qualité des produits disponibles sans besoin de rationnement, ce qui contraste fortement avec la situation en France. La présentation des produits dans des boîtes soigneusement emballées lui semble presque provocante par rapport au manque de produits chez lui.

Danger trouve l’expérience des hôtels suisses tout aussi exaspérante par leur confort et leur service attentif, qu’il qualifie d’inquisition. Il va jusqu’à critiquer la coutume de cirer les chaussures laissées à l’extérieur des chambres comme un signe de folie.

Dans les magasins, il constate avec amertume l’abondance de produits de qualité sans ticket de rationnement. Les charcuteries et boucheries regorgent de produits frais et variés, offrant un spectacle affligeant par leur profusion, alors que la France souffre encore des pénuries d’après-guerre.

Enfin, il conclut avec une touche d’ironie en affirmant que la Suisse est en retard parce qu’elle n’a pas suivi le chemin des grandes nations, restant à un niveau de vie et de consommation rappelant « l’avant-guerre ».

Le ton sarcastique et ironique de Robert Danger met en lumière le contraste frappant entre la Suisse et la France d’après-guerre, tout en critiquant indirectement la situation française de l’époque.